Extrait
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Paloma

Hugo Bardin

2021 - 28 minutes

France - Fiction

Production : Cameramera Prod

synopsis

Alors qu’elle vient de voler l’urne contenant les cendres de son amant décédé, Paloma, une drag-queen haute en couleur, rencontre Mike, un routier silencieux et mélancolique. Ils vont partager un bout de chemin en camion jusqu’à Paris. Un jour et une nuit ensemble pour vaincre leur solitude.

Hugo Bardin

Né en 1991 à Clermont-Ferrand, Hugo Bardin commence le théâtre dès l’âge de 4 ans et monte sa première compagnie, en amateur, à 15 ans. Il entre en 2009 au Cours Florent et y rencontre notamment Marie Petiot, avec qui il travaille de 2011 à 2015 pour l’écriture de Neiges d’automne, premier long métrage qui trouve le chemin d'une petite sortie parisienne, au cinéma Le Saint-André des Arts, en 2015.

En 2018, Hugo Bardin créé le personnage de Paloma, son alter ego drag queen qui donne bientôt son nom à un court métrage que l'artiste écrit, réalise et interprète. Le film est présenté dans de nombreux festivals, dont en 2022 le MCM (Music & Cinema Marseille), où il remporte le Prix du public et le Grand prix de la meilleure musique originale.

Au même moment, Paloma est l'une des dix “queens” concourrant au sein de la première saison Drag Race France, entre défis de performances variées (comédie, chant, danse, défilés, etc.). Paloma remporte l’émission en août 2022, devenant ainsi la première reine du drag français. 

Son show Paloma au plurielles effectue alors une tournée en France, Suisse et Belgique en 2023-2024. Il a également fait partie du jury de la Queer Palm au Festival de Cannes 2024.

Critique

C’est d’abord par de très gros plans presque abstraits, puis dévoilant ses jambes et son corps, sur la musique de Marc Bret-Vittoz que se dévoile Paloma dans le film éponyme d’Hugo Bardin. Paloma est une drag queen aujourd’hui très connue, gagnante de la première saison de Drag Race France en 2022. Parallèlement à cette médiatisation soudaine, elle devient l’héroïne du court métrage de son créateur et interprète : Hugo Bardin.

Dès sa première séquence, le film, en jouant des plans larges, crée du décalage, de l’insolite et fait inévitablement sourire. Spectaculairement étoilée, magnifiquement tatouée, après avoir en vain essayé de se faire prendre en stop, Paloma débarque dans un bistrot de bord de nationale et file aux toilettes après avoir demandé à Mike, un client habitué du bar, de garder ses affaires. Ce dernier est un routier qui acceptera de la prendre à son bord. En deux minutes, tout est en place pour accueillir une rencontre inattendue alimentant une fiction romanesque dans laquelle émerge aussi deux urgences pour l’héroïne : participer à un spectacle à Paris le soir-même et disperser les cendres de Serge, l’“homme de sa vie”.

“Paloma, le film” trouve très vite son importance dans le parcours de l’artiste Hugo Bardin, tant il est réussi sur plusieurs plans du point de vue cinématographique : des dialogues qui font mouche sans en faire trop, notamment lors de séquences clés (“J’adore les cacahuètes au pipi !”; “Par hasard, dans ton camion, t’aurais pas de la place pour une urne et une drag queen ?”), science du récit et mise en scène élégante comprenant de nombreux plans-séquences. Bardin s’amuse aussi avec la mythologie des routiers : Mike écoute la radio Rire et chansons et parle de son espace de conduite comme de son “salon”, où il conduit en chaussons, mais n’accroche pas de calendriers de femmes dénudées et voile sa virilité apparente.

Mais le cœur du film, c’est bien sûr l’union des contraires que d’aucuns trouveraient improbable (surtout à mettre en scène en moins de trente minutes) et qui fonctionne bel et bien dans le film, même sur le fil. La forte relation sentimentale qui se forme pendant ces vingt-quatre heures entre Paloma et Mike et peut-être au-delà, fait écho à l’histoire passée de la drag queen et de son amant secret, Serge, désormais disparu. Paloma est l’histoire d’un deuil qui fait renaissance, d’une désillusion s’incarnant en un espoir. Le film fait autant l’éloge de la bienveillance que d’une nouvelle masculinité, ouverte et fluide. Plus encore, il imagine que le cœur des hommes est peut-être queer ! Pour incarner aux côtés de Paloma/Hugo Bardin (formidable) ce Mike “bear” au sourire fondant et qui bouge si bien, l’impeccable Augustin Boyer, au jeu si nuancé, s’impose.

Bernard Payen

Réalisation et scénario : Hugo Bardin. Image : Olivier Calautti. Montage : Camille Delprat. Son : Guillaume Valleix, Ivan Paulik et Jules Jasko. Musique originale : Marc Bret-Vittoz. Interprétation : Hugo Bardin, Augustin Boyer, Julia Steiger, Le Filip, La Grande Dame et Rouge Mary. Production : Cameramera Prod.