Extrait
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Les algues maléfiques

Antonin Peretjatko

2022 - 24 minutes

France - Fiction

Production : Paris-Brest Productions

synopsis

Bretagne. Algues vertes. Des promeneurs disparaissent... Le gendarmerie enquête. Que se trame-t-il du côté des bobos dans une villa de la côte ?

Antonin Peretjatko

Né en 1974 à Grenoble, Antonin Peretjatko sort diplômé de la section cinéma de l’École nationale supérieure Louis-Lumière en 1999. Il réalise son premier court métrage documentaire, La montagne égrenée, en 1998, puis le court métrage de fiction L’heure de pointe en 2002. En 2004, il enchaîne deux autres films courts : Changement de trottoir, puis French Kiss, qui obtient le Prix révélation au Festival européen du film court de Brest. En 2007 s’en suit la réalisation du moyen métrage L’opération de la dernière chance.

En 2009, son court métrage documentaire Derrière les barreaux, réalisé sur le tournage d’Un prophète de Jacques Audiard, lui vaut le Prix du Syndicat français de la critique de cinéma. Entre 2010 et 2017, Antonin Peretjatko réalise autres quatre courts métrages : Paris-Monopole (2010), Les secrets de l’invisible (2011), Vous voulez une histoire ? (2015, Prix de la presse Télérama au Festival de Clermont-Ferrand) et Panique au Sénat (2017).

Entre temps, il sera déjà passé au long métrage avec, en 2013, La fille du 14 juillet qui met notamment en scène Vincent Macaigne et Vimala Pons. Ceux-ci se retrouvent en 2016 dans La loi de la jungle, lauréat de la Fondation Gan 2014.

En 2019, Antonin Peretjatko réalise le court métrage documentaire Mandico et le TOpsychoPor dans lequel il filme et met en scène le réalisateur Bertrand Mandico. Son troisième long métrage, La pièce rapportée, est sorti en salles à la fin de l'année 2021.

Il a alors également mené à bien un moyen métrage sur les Gilets jaunes, Les rendez-vous du samedi, distribué au printemps 2022 par Shellac. Il est dans la foulée revenu au format court avec une fiction : Les algues maléfiques. Cette comédie parodique de zombies aura été présentée dans de nombreux festivals, en France et à l'étranger : Pantin, Gérardmer, le FID à Marseille, Travelling à Rennes, Grenoble, Vila do Conde, etc.

Il développe en 2023 un nouveau long métrage lorgnant vers le cinéma de genre, en l'occurrence une histoire de vampires !

 

Critique

Depuis quelques années, le cinéma français d’auteur a fait une entrée remarquée dans le domaine du fantastique. Une pléiade de nouveaux talents, parmi lesquels Julia Ducournau, Just Philippot, Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma font figure de fer de lance. On attendait moins un réalisateur comme Antonin Peretjatko sur ce terrain. Son cinéma de l’absurde étant plus propice à dénouer la corde qui lie le spectateur à son siège qu’à la tendre. D’ailleurs, avec Les algues maléfiques, Peretjatko ne joue absolument pas avec la peur du spectateur. Cet énième film de zombies est gouverné par le second degré (voire le second second second degré…). Court métrage horrifique loufoque, Les algues maléfiques évoque d’emblée les œuvres de l’écurie Troma Entertainment, une maison de production fondée par l’Américain Lloyd Kaufman spécialisée dans un cinéma de série Z, souvent amateur, tout le temps déconneur et, parfois, corrosif. Avec ce film au casting hyper branché, tourné dans une belle Bretagne de carte postale dans l’une des maisons de l’écrivaine Colette, Peretjatko fait une irruption inattendue dans le fantastique façon Troma.

Cinéaste de l’absurde, du sous-entendu et du “sur-entendu”, le réalisateur de La fille du 14 juillet (2023) a toujours signé des œuvres hantées par une certaine culture du septième art. Les algues maléfiques a ainsi quelque chose du patchwork cinéphile : clin d’œil aux grands classiques du cinéma d’horreur qui déjà usent du second degré (Evil Dead et Bad Taste) ; effets spéciaux, parfaitement réussis et incontournables du sous genre : sang qui gicle sur la caméra et rayons lasers de couleur évidemment vert fluo. Même le ou les discours “politiques” ou “critiques” sous-jacents sont aujourd’hui devenus des topoï des films d’horreur. En la matière, Les algues maléfiques est un concentré de petites pointes ici écologiques, là critiques contre l’administration ou les flics, ou encore parodiques (la novlangue vegan post #Metoo). Ces discours ne peuvent s’apprécier que pour ce qu’ils sont : des boutades plus que de véritables réflexions. Avec ses politiques farfelus, ses flics de Saint-Coulomb et sa troupe de jeunes hipsters sortis du magazine Vogue, Les algues maléfiques évoque tout en même temps le cinéma d’un Bruno Dumont version P'tit Quinquin que celui d’un Jean Girault (Le gendarme de Saint-Tropez). Cruauté et naïveté se combinent dans une mécanique du ridicule franchement assumé. L’originalité de Peretjatko repose sur sa capacité à mixer dans son blender cinéma tout cela de manière excentrique, anarchique, sans ordre ni maître. De là aurait pu sortir un grand n’importe quoi, or c’est tout le contraire ; en convoquant les frontières du visible et de l’invisible, le cinéaste français déploie un petit théâtre de l’humain où les décors comptent moins que les acteurs, un théâtre de poche qui réserve ici et là son bon lot de trouvailles et de succulentes provocations.

Donald James

Réalisation, scénario et montage : Antonin Peretjatko. Image : Simon Roca. Son : Bruno Auzet et Sarah Lelu. Interprétation : Alma Jodorowsky, Pauline Chalamet, Clarisse Lhoni-Botte, Estéban et Fred Tousch. Production : Paris-Brest Productions.

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