Nos soirées 26/09/2022

“Déjà demain”, avec ou sans masques ?

Encore un programme haut de gamme pour le prochain rendez-vous de “Déjà demain”, le lundi 3 octobre à 20h au MK2 Odéon, côté Saint-Michel.

Le titre de cet article désigne d’abord directement le dernier film réalisé par Olivier Smolders, grand cinéaste wallon habitué des pages de Bref, précisément intitulé Masques (photo ci-dessous). Découvert à Clermont-Ferrand en début d’année et sélectionné depuis à Côté court, à Pantin, ce film virtuose rappelle les grands chefs-d’œuvre de Smolders, tels Mort à Vignole ou La part de l’ombre.

Son cheminement artistique suit dans son récit une pérégrination intellectuelle partant d’éléments intimes et familiaux pour se diriger vers une réflexion historique et philosophique, autour du motif des masques mortuaires, puis des “gueules cassées” de la Première Guerre mondiale, utilisant à cet effet un matériau d’archives susceptible d’impressionner fortement le spectateur, d’où l’avertissement de mise pour cet essai documentaire d’une ambition et d’une portée considérables.

Des masques, il y en a aussi dans Bonsoir monsieur, le nouveau film d’Antoine Chappey (photo de bandeau), dont nous avions déjà apprécié Elle est où la dame ? (déjà diffusé sur Brefcinema), mais ils sont cette fois chirurgicaux, liés évidemment à la pandémie de Covid-19 et au confinement du printemps 2020.

Cette fois, le personnage d’Antoine, ainsi prénommé, doit partir de chez lui dans ce contexte, après avoir reçu un appel alarmant au sujet de son père, et saute dans un taxi pour traverser un Paris nocturne et déserté. On salue la rigueur réaffirmée des choix de mise en scène et du sens du cadre de Chappey réalisateur, qui trouve sans conteste son style et sa tonalité.

Une histoire de famille — et de dissimulation, même involontaire ou informulée – marque aussi le remarquable documentaire d’Adrien Genoudet, Aucun signal (photo ci-dessus). Le réalisateur filme ses grand-parents, puis sa grand-mère seule après la mort de son époux de (très) longue date, et elle exprime à la caméra ce qu’elle ressent : le défunt ne lui manque absolument pas, ayant fini par lui pourrir la vie…

À rebours de toute image d’Épinal sur les liens fantasmés des séniors restés ensemble durant leur vie entière, le film est bouleversant et évidemment empreint d’un regard bienveillant et respectueux pour ses “sujets”.

Une autre figure paternelle domine aussi, enfin, le magnifique film d’animation Voyage avec mon père de Mor Israeli (visuel ci-dessus), réalisatrice déjà remarquée à la faveur de Clapotis, en 2017. Dans un procédé de ligne claire superbe, on suit une fillette craquante découvrant le secret de son père, ce qui prend pour elle la forme d’une grande aventure initiatique, dans les profondeurs de l’âme humaine, découverte enfin… sans masque !

Christophe Chauville


Déjà demain”, lundi 3 octobre à 20h, au MK2 Odéon, côté Saint-Michel, 7 rue Hautefeuille, 75006 Paris.

À lire aussi :

- Aucun signal, présenté au Festival de Belfort en 2021.

- La séance de septembre 2022 de “Déjà demain”.