En salles 11/03/2025

Un nouveau film d’Isabelle Prim chez Ecce Films

La filmographie buissonnière d’Isabelle Prim, au gré de durées et formats de tous types, se poursuit avec un long métrage à la fois produit et distribué par Emmanuel Chaumet, qui sort ce mercredi 12 mars sur une mini combinaison de cinq copies : Les loups.

Présenté au FID, à Marseille, en 2024, Les loups est le troisième film d’Isabelle Prim dont la durée est supérieure à l’heure de projection, après La rouge et la noire (2012), basé sur un “scénario inachevé de Luc Moullet” (sic), et Mens (2019). Ce dernier faisait s’entrechoquer une époque passée et le présent, comme plusieurs autres œuvres de cette artiste volontiers déroutante (citons les courts Calamity qui ?, en 2014, et La musique des oiseaux, en 2020), qui en reprend le principe dans ce dernier film en date.

Le début du film plonge ainsi au milieu du XVIIIe siècle, pendant le règne de Louis XV, alors qu’un incroyable fait divers défraie la chronique dans le royaume, en l’occurrence celui de la Bête du Gévaudan. Une mystérieuse créature dévore la nuit des femmes ou des enfants, semant la terreur dans la région… Deux siècles plus tard, sur les lieux mêmes, un asile s’est installé, sous le régime de l’hôpital ouvert, entre les murs du château de Saint-Alban, où le personnel soignant vit avec les pensionnaires, tandis qu’un spectacle se prépare sur la légende de la sanguinaire Bête.

Le montage alterne donc les moments liés aux deux époques différentes, laissant l’esprit du spectateur nouer les liens possibles (sur la résistance à la prédation, notamment), dans un registre artisanal assumé, sinon revendiqué, et qui peut décontenancer. Le rapport entre expérience théâtrale et folie individuelle ou collective émerge au fil du récit, dans une production low cost piloté par Ecce Films, comme les précédentes propositions de la réalisatrice (citons aussi les moyens métrages Déjeuner chez Gertrude Stein et Le souffleur de l’affaire).

Les loups permet en outre de retrouver plusieurs visages qui ne seront pas méconnus de celles et ceux qui suivent l’actualité du court, en premier lieu Blandine Madec, appréciée dans Les grandes vacances de Valentine Cadic, mais aussi Marc Susini, qui incarne le père du héros du beau Robespierre de Pierre Menahem, et, bien entendu, Raphaël Thiéry, qui fut découvert réellement à la faveur du Mal bleu d’Anaïs Tellenne et Zoran Boukherma.

Ces trois-là font partie d’une troupe se prêtant à ce qui se révèle comme étant une expérience artistique très singulière, de laquelle s’exhale le parfum de l’ample liberté laissée aux réalisateurs/trices au sein de la nébuleuse Ecce Films.

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Sur le FID Marseille 2024.

- Isabelle Prim devant la caméra, dans Le monde après nous, de Louda Ben Salah-Cazanas (2022).