News 16/03/2021

Noémie Merlant, marraine de la Fête du court métrage 2021

Bien installée dans le peloton de tête des jeunes comédiennes françaises, la très active Noémie Merlant est passée à la réalisation avec succès via le format court (et figure d’ailleurs à ce titre au sommaire du dernier numéro de notre revue). Elle était la candidate idéale pour succéder à Clémence Poésy comme marraine de l’événement et nous avons pu lui poser quelques questions entre deux prises du tournage qui la mobilise actuellement.

Votre activité dans le domaine du long métrage, à la fois en tant qu’actrice et désormais comme réalisatrice, est très dense, sans temps mort : pourquoi conservez-vous malgré tout cet attachement particulier au format court ?
 
Quand je pense court métrage, je pense “liberté”, “vitalité”, “innovation”, “expérimentation”, mais aussi “tremplin”, “nouveaux talents”, “prise de risques”. Tout ce qui est essentiel pour l’art, le cinéma et son renouveau.

Il n’y a pas les mêmes contraintes que pour les longs métrages, la même attente de rentabilité, la même pression et les mêmes enjeux. Donc que ce soit sur la forme ou le fond, les possibilités sont plus grandes. Y compris dans le choix du sujet, un sujet politique/social qui n’intéresse pas les producteurs par exemple, le choix d’acteurs pas connus... Et puis, je pense que le format court en soi permet aussi plus de liberté dans la création puisqu’il faut capter l’attention du spectateur sur une durée moins longue.
 
Comment avez-vous accueilli cette proposition des organisateurs de la Fête du court métrage d’être la marraine de l’édition 2021 et à quoi va correspondre ce rôle ?
 
Parler du l’événement ! Le plus possible. Même si je suis en plein tournage, ce qui n’était pas forcément prévu quand j’ai accepté ce rôle. J’essaye de faire le plus d’interviews possible en expliquant ce qu’est la Fête du court. Elle aura lieu du 24 au 30 mars, gratuite et facile d’accès. C’est une manifestation qui propose au grand public de découvrir le format court dans toute sa richesse et sa diversité : de la comédie populaire au film d’animation, du programme jeune public à l’expérimental... Cette année, l’événement a dû s’adapter aux conditions sanitaires, avec deux options pour en profiter. À côté de projections physiques maintenues (on peut trouver sur le site la liste de tous ces événements organisés en France dans les médiathèques, écoles, prisons, etc.), on peut s’inscrire en ligne pour découvrir la Galaxie du court, soit 150 films dispos en ligne gratuitement pendant toute la semaine de la Fête.


 
Votre propre court métrage, Shakira, est à voir au sein de la programmation de l’événement, en même temps que sur notre plateforme Brefcinema. Le beau succès du film vous a-t’il confortée dans votre désir de réalisation ?
 
Cela donne de la confiance et la confiance, c’est important, je pense. En tout cas pour moi, afin d’oser, de créer. Dans mon esprit, le succès est surtout important pour mettre en lumière un discours, un thème , un combat. C’est surtout pour ça que je suis “contente”, je pense, par rapport à Shakira (photo ci-dessus). Cela va aider, j’espère, pour continuer de faire des films ensemble. Je me dis que, contrairement à ce que beaucoup de producteurs nous ont dit pour faire un long – “les Roms, ça n’intéresse personne” –, Shakira a justement eu l’air d’intéresser et j’ai aussi eu l’impression d’interpeller. Il faut se battre pour mettre en lumière ceux qui n’ont pas la parole et “n’intéressent personne”,  comme ils disent. Un petit succès qui va peut être aider pour la suite ? Je l’espère... En tous cas, cela me donne de la force pour continuer d’écrire et faire des films avec eux.
 
Avez-vous eu le sentiment d’un grand saut entre le court et le long, de Shakira à Mi iubita, ou est-ce pour vous les deux faces d’une même pièce ?
 
Pas vraiment, puisque Mi iubita a été tourné sans trop réfléchir, poussé par un élan, un désir fulgurant, avec mes amis. Surtout que l’équipe et les moyens était beaucoup plus petit que sur le court métrage. 15 000 euros pour 16 jours de tournage. Une chef-op’ et une ingé son. Une assistante caméra et basta ! Dans la voiture, direction la Roumanie. Le saut était plus dans le fait de faire un film sans moyens et sans vraiment l’avoir préparé… Mais c’est tellement excitant ! J’aime cette liberté dans la création et elle n’est pas facile à trouver, j’ai l’impression ! Même sur un tournage en tant qu’actrice, la liberté, il faut toujours aller la chercher... Il y a toujours beaucoup de contraintes, parfois trop et c’est alors pesant.
 
Y a-t’il d’autres courts métrages que vous recommanderiez particulièrement au sein de la programmation de la Fête cette année ?
 
La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel, film de genre déjanté et anarchiste, un vrai ovni ! Avec une bande sonore qui fait frémir, une esthétique forte, graphique. Du noir et blanc et des sacs plastiques colorés qui envahissent ! Étonnant...
 
Ménage, également, absurde et noir, avec déjà tous les marqueurs du cinéma de Salvadori. Une scène hilarante, mais sombre sur la société...
 
Beautiful Loser de Maxime Roy (photo ci-dessous), ensuite : tendre et lucide sur la difficulté d’être père pour un ancien junkie. François Creton est incroyable. Avec un premier plan dingue !
 
Enfin, Qu’importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui, film fantastique magnifique, réalisé et produit par un duo de femmes, avec des comédiens non professionnels. Poésie folle. Navigue entre documentaire et fantastique. Mélange de genres. Un film visuel plus que verbal. Sur le doute, interrogeant les croyances religieuses...


 
Pour vos prochains projets, reviendrez-vous au court, que ce soit comme comédienne ou comme cinéaste ?
 
Oui, déjà en tant qu’actrice, j’ai quelques courts métrages en route… Et j’espère y revenir aussi comme réalisatrice !

Propos recueillis par mail par Christophe Chauville


À voir aussi :

- Shakira, de Noémie Merlant, actuellement disponible sur Brefrcinema.

À lire aussi :

- Les Talents de la Fête du court métrage 2021.