Des sorties ciné pendant les J.O.
Moins de nouveautés hebdomadaires durant la période des Jeux Olympiques, mais quelques propositions méritent de s’y arrêter, pour quitter un peu son petit écran au profit du grand !
La fin juillet et le début août constituent traditionnellement une période creuse en matière de sorties du mercredi et la tenue des J.O. de Paris n’arrange pas la tendance. Pourtant, les allergiques aux retransmissions sportives ou celles et ceux qui auraient envie de faire une pause entre les épreuves auront matière à trouver leur bonheur.
Le 24 juillet est ainsi proposé Gondola (photos de bandeau et ci-dessous), un film singulier, dénué de tout dialogue, sur une heure vingt de durée, et entraînant dans un magnifique décor de montagnes – cet endroit isolé et indéfini se trouvant en réalité la Géorgie. Un téléphérique relie différents sites villageois et deux employées actionnent les cabines dans les deux sens, se croisant ainsi régulièrement au-dessus du vide. Étant visiblement attirées l’une par l’autre, quand se rejoindront-elles ? Métaphorique, tendre et drôle, ce court long métrage signé de l’Allemand Veit Helmer évoque le burlesque d’Abel et Gordon, comme l’univers d’Amélie Poulain, avec une musique entêtante proche de celle de Yann Tiersen.
Rappelons que le cinéaste, désormais quinquagénaire, avait fait sensation au milieu des années 1990 avec son court métrage Surprise !, dans un style visuel humoristique proche. Cette œuvre de six minutes avait triomphé dans les festivals et on avait par la suite plus discrètement retrouvé le nom de son réalisateur au fil d’un parcours buissonnier, au fil de quelques longs métrages demeurés confidentiels, sinon inédits en France (Tuvalu en 1999, Baikonur en 2011, The Bra en 2018). Gondola, avec sa gentille poésie un peu désuète, mais pas mal de tonicité narrative, mérite de s’y arrêter, s’avançant comme un feel good movie plutôt insolite.
Autre sortie du mercredi 24, Mon parfait inconnu (photos ci-dessus et dessous) est le premier long métrage de Johanna Pyykkö. De double nationalité finno-suédoise, celle-ci vit en Norvège et y a tourné une histoire d’amour atypique, celle d’Ebba, jeune fille de dix-huit ans vivant dans la solitude et tombant un soir, en sortant du travail, sur un homme évanoui, très beau et qui s’avère amnésique lorsqu’il revient à lui. Ni une ni deux, la jeune fille se présente comme sa petite amie et brode, invente, s’enferme dans ses mensonges, parvenant à convaincre l’inconnu de cette réalité parallèle…
Évidemment, il y aura forcément un moment où cette fictive construction trouvera ses limites, même si Ebba semble avoir tout prévu et maîtrisé… Entre rêve, fantasme et réalité, Johanna Pyykkö confirme les promesses de son court métrage The Manila Lover, qui mettait aussi en scène un couple bancal, s’appuyant du moins sur un schéma biaisé de relation amoureuse. Déjà diffusé sur Brefcinema en écho avec les Nuits en or, The Manila Lover avait été sélectionné à la Semaine de la critique en 2019, avant de recevoir l’année suivante l’Amanda du meilleur court métrage, soit l’équivalent norvégien du César.
Cultivant son mystère, Mon parfait inconnu est porté par une toute jeune actrice assez épatante, dont c’est la première apparition à l’écran et qui a été retenue à l’issue d’un long casting parmi 700 candidates : Camilla Godø Krohn. On devrait la revoir à l’avenir.
Cap vers un autre coin de l’Europe avec Tigresse, d’Andrei Tanase (photo ci-dessous), à découvrir à partir du 7 août et qui se déroule en Roumanie. On y suit Véra, vétérinaire (jouée par Catalina Moga, vue dans Dédales), qui recueille dans le zoo auquel elle est attachée une femme tigre enlevée à un très bling-bling nouveau riche comme il en existe dans les pays de l’Est, sans aucun doute lié à des activités peu licites. Mais le soir-même, elle surprend son compagnon en galante posture avec une jeune femme et, sidérée, laisse s’échapper l’animal. La course-poursuite qui s’enclenche servira de révélateur à cette femme à la croisée des chemins, dans sa vie et dans son couple, alors qu’elle a le trauma d’avoir perdu un enfant récemment.
On connaît les qualités de mise en scène des cinéastes roumains, surtout ceux des dernières générations émergées, et le nom d’Andrei Tanase s’ajoute à cette liste déjà bien fournie, à la faveur de ce récit métaphorique et haletant (sur la durée réduite d’une heure vingt), qui emprunte aussi au thriller ou au film d’aventures. Ancien de l’école nationale de cinéma de Bucarest, le réalisateur avait signé plusieurs courts métrages, notamment First Night (dans son titre international), sélectionné à la Mostra de Venise en 2016.
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