DVD 19/06/2025

Trois premiers longs métrages de réalisatrices en DVD

Parmi les dernières sorties DVD, arrêtons nous un moment sur celles des films des Françaises Anne-Sophie Bailly et Laura Piani et de l’Américaine India Donaldson, toutes transfuges du court métrage.

C’est désormais une habitude bien enracinée et dont on se satisfait évidemment à Brefcinema, à savoir l’initiative d’inclure dans les éditions DVD de longs métrages – et tout spécialement de premiers – certains courts métrages de l’auteur ou autrice en question.

Plusieurs exemples récents sont à signaler à ce titre, à commencer par l’un des plus beaux de l’année passée, trop peu vu à sa sortie – le pari de la distribution en salles le jour de Noël a très moyennement fonctionné – et pour lequel nous avions alors rencontré sa réalisatrice Anne-Sophie Bailly : Mon inséparable (photo ci-dessous). Un drame solaire et vibrant, où un jeune homme “différent”, vivant une histoire d’amour avec une collègue tombée enceinte, faisait évoluer le lien fusionnel avec sa mère (Laure Calamy), qui comprenait vite qu’une authentique histoire d’amour liait son fils à cette jeune femme trisomique désirant réellement cet enfant.

Un récit émouvant et sobre, généreux et non manichéen explorant le motif de la maternité – et celui de la paternité – dans la lignée des films Fémis de cette cinéaste des plus prometteuses : La ventrière, film d’époque tourné dans le Jura et toujours disponible sur Brefcinema, et En travail (2019), documentaire de presque cinquante minutes entraînant en immersion dans une maternité, au sein de l’équipe et dans les salles d’accouchement, au plus près des parturientes. Tous deux figurent parmi les suppléments, en plus d’un entretien avec Anne-Sophie Bailly.

C’est aussi le cas pour le disque fraîchement sorti de Jane Austen a gâché ma vie, de Laura Piani (photo de bandeau), accompagné de Prudence Ledoux a le vent en poupe, court métrage de 2022 par lequel la réalisatrice et scénariste jouait déjà avec les codes de la comédie romantique. Ses deux héroïnes, celle du court et celle du long, se ressemblent d’ailleurs pas mal, l’actrice incarnant Prudence, Alice Butaud, jouant dans le long la sœur d’Agathe, interprétée par Camille Rutherford.

C’est la romcom british qui a inspiré le projet, dès le titre, la dite Agathe partant en résidence d’écriture en Angleterre, dans le manoir des descendants d’Austen, où elle rencontre un arrière-arrière-arrière-petit-neveu de la romancière dont elle pourrait aisément tomber amoureuse (on aurait bien imaginé Hugh Grant dans ce personnage il y a vingt-cinq ans…), si toutefois elle éclaircit le lien flou la liant à son meilleur ami, à qui Pablo Pauly, autre habitué du paysage du court métrage, prête ses traits et son regard matois. Rien de révolutionnaire, certes, mais un certain charme opère, Camille Rutherford excellant dans le registre des grandes bringues maladroites et souvent fort empruntées.

Autre influence sensible, celle de la tradition indy US, particulièrement le cinéma de Kelly Reichardt, sur le premier long d’India Donaldson, Good One, qu’on avait pu voir au sein de la sélection de la Quinzaine des cinéastes en 2024. Une adolescente de 17 ans, Sam, doit accompagner son paternel en week-end de randonnée, dans des montagnes de l’État de New York – un paysage peu connu et saisissant – en acceptant la présence, parfois pénible, d’un copain de ce dernier, Chris, pour sa part laissé en plan par son propre fiston.

Le long des sentiers sylvestres, chacun apprend de l’autre et Sam grandit, au cœur d’une nature servant – forcément – de révélateur. Une Amérique différente, sans conteste, où les solitudes se devinent peu à peu, comme dans le court métrage Hannahs, proposé en bonus, dans lequel une New-Yorkaise héberge sans l’avoir prévu une inconnue venue sonner chez sa voisine absente et qui, quoiqu’enjouée et amicale, apparaît un tantinet weird et mytho. Une belle maîtrise de mise en scène transparaît de ces propositions, de la part de la fille de Roger Donaldson, réalisateur hollywoodien des années 1980-90 qui fut le plus souvent cantonné au rang des honnêtes “faiseurs” (Cocktail, Le pic de Dante, etc.). Quant à la jeune Lilly Collias, qui tient le premier rôle du film, elle crève l’écran, selon l’expression consacrée…

Christophe Chauville

Good One d’India Donaldson, Jane Austen a gâché ma vie de Laura Piani et Mon inséparable d’Anne-Sophie Bailly, 3 DVD unitaires, Blaq Out, 19,99 euros chacun.
Parus respectivement le 20 mai, le 6 juin et le 11 juin 2025.

À voir aussi :

- L’entretien filmé de Brefcinema avec Anne-Sophie Bailly.

À lire aussi :

- Sur deux autres premiers longs métrages édités en DVD en mai 2025 : Hiver à Sokcho de Koya Kamura et Vingt dieux de Louise Courvoisier.