DVD 27/05/2025

Koya Kamura en court et en long

Sorti en salles le 1er janvier dernier, Hiver à Sokcho est désormais disponible en DVD et BR, avec en bonus Homesick, le très beau court métrage de 2018 du réalisateur franco-japonais, déjà produit par Offshore.

On a le sentiment que les ponts jetés entre la France et l’extrême-orient se multiplient dans notre cinéma – citons Retour à Séoul (2022) et Sidonie au Japon d’Élise Girard (2024) – et ce rapprochement s’effectue souvent pour le meilleur, comme c’est le cas avec Hiver à Sokcho, qui n’a sans doute pas bénéficié d’une date idéale de distribution (le Jour de l’An) et mérite ainsi amplement un rattrapage en DVD ou BR.

D’abord il y a le lieu de l’intrigue, assez inhabituel. Sokcho, au nord-est de la Corée du Sud, à proximité de la frontière avec l’autre Corée, au bord de la mer du Japon. Autant dire qu’en hiver, il y caille et ce n’est pas une destination de villégiature évidente pour un Français. Normand plus précisément, qui débarque là comme un cow-boy dans un coin perdu du Far-West.

Yan Kerrand (incarné avec l’autorité qu’on lui connaît par Roschdy Zem) est illustrateur et un peu en panne d’inspiration au moment d’entrer dans la fabrication de son nouveau roman graphique. Il s’installe dans une pension où travaille une jeune fille, Soo-ha, qu’on appelle “la grande” ou “Miss France”. Parce que son père, qu’elle n’a jamais connu, était un frenchie, ce qui amène évidemment le spectateur à se poser la question de savoir si le père indigne vient retrouver sa fille, longtemps après. Ce n’est pas le cas, on peut le spoiler d’autant plus facilement que ce n’est pas l’enjeu d’un récit empruntant d’autres directions que celle-ci, qui aurait été caricaturale et quelque peu décevante. 

Dans cette ambiance de météo maussade et frisquette, ces deux inconnus se côtoient et s’apprivoisent. Et l’artiste retrouve l’inspiration, tandis que la jeune Coréenne – qui ne l’est qu’à moitié – règle aussi certaines choses. Avec sa mère, avec son pays, avec elle-même, et pour un futur hypothétiquement moins flou… En bonus, Koya Kamura cite le cinéma mélancolique d’Hirokazu Kore-eda comme influence possible. On ne le contestera pas, tant c’était déjà et encore plus éclatant avec Homesick, proposé au sein des dits suppléments.

Ce court métrage brillamment mis en scène s’enracine dans la région de Fukushima, deux ans après la catastrophe. Avec sa “no man zone”, un danger présent quoique impalpable, et des fantômes aussi… Un père joue avec son fils, qui ne porte pas la même combinaison protectrice : on comprend bien ce qui se joue, ou plutôt qui s’est joué, et c’est simplement émouvant, sans jamais se perdre dans le pathos. Une pudeur inscrite dans une tradition nippone remontant à Ozu et Naruse, il y a moins noble filiation.

Christophe Chauville

Hiver à Sokcho de Koya Kamura, DVD et BR, Diaphana Vidéo, 19,99 euros.
Disponible depuis le 8 mai 2025.

À voir aussi :

- Oyu d’Atsuri Hirai, disponible sur Brefcinema.

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- Vingt dieux de Louise Courvoisier disponible en DVD.