Extrait
Partager sur facebook Partager sur twitter

L’affaire du siècle

Victoria Musiedlak

2018 - 21 minutes

France - Fiction

Production : Palikao Films

synopsis

C’est la première garde à vue de Maître Nageux, avocat commis d’office. Plein de bonne volonté et prêt à tout pour défendre au mieux sa cliente, il va pourtant vivre un baptême du feu qu’il n’est pas prêt d’oublier.

Victoria Musiedlak

Après un Master audiovisuel à la Sorbonne, Victoria Musiedlak devient assistante réalisatrice sur plusieurs courts métrages (Demain peut-être de Guilhem Amesland en 2008, Les meutes de Manuel Schapira en 2012...) et séries TV (Fais pas ci, fais pas ça, Falco, Profilage, etc...). Ses projets traitent souvent des liens familiaux, comme son premier court métrage, Une heure ou une nuit (2010), et le suivant, Maman (2016), produit par Palikao Films et interprété par Judith Chemla et Béatrice de Staël, .

En 2016, Victoria Musiedlak participe au scénario du téléfilm Ma mère, le crabe et moi de Yann Samuell, avant de réaliser deux ans plus tard L'affaire du siècle produit à nouveau par Palikao Films et pour lequel elle retrouve l'acteur Estéban.

Laetitia 35 suit en 2022, avant que la réalisatrice se lance dans son premier long, Première affaire, qui sort en salles à la fin du mois d'avril 2024. Une jeune avocate débutante, jouée par Noée Abita, en est la principale protagoniste.

Critique

De L’affaire du siècle à Première affaire, le court n’a pas directement donné naissance au long, comme c’est régulièrement le cas dans l’actualité des sorties (voir Quitter la nuit, de Delphine Girard, récemment), mais le lien entre les deux films est direct et évident. L’avocat commis d’office du premier semble se perpétuer à travers la jeune héroïne du second, avec néanmoins une touche comique les différenciant, l’inénarrable Estéban apportant sa drôlerie et son phrasé – en plus d’une coupe de cheveux absolument impossible – à ce moment charnière de sa jeune existence professionnelle. À savoir une toute première garde à vue où il accompagne une femme interrogée par la police suite à la mort accidentelle, potentiellement suspecte, de son époux.

L’effet miroir entre les deux films est d’ailleurs saisissant alors que la jeune Noée Abita, dans Première affaire, donne aussi l’impression de se trouver peu à sa place lors du même type d’expérience, aux côtés d’un jeune homme cuisiné par un fonctionnaire de police après le meurtre d’une adolescente : menue et portant encore la jupe pailletée de sa sortie en boîte de la veille (qu’elle aura dû interrompre), elle a une petite voix aigüe, qu’elle tente de teinter d’assurance, et une coupe très courte qui ajoute à l’écho, en contraste, déjà relevée entre les deux personnages.

Le format court permet moins de décrire les procédures, les techniques des enquêteurs pour faire flancher un(e) coupable présumé(e), ce qui peut alors se dire ou pas, mais L’affaire du siècle intègre malgré tout cette dimension, au-delà de la comédie d’acteurs/trices qu’il aspire d’abord à être. La mise en scène délimite l’espace entre le duo situé du côté du bureau – les deux policiers, incarnés par Youssef Hadji et Dan Herzberg (qui joue du reste un ami des parents de Nora dans Première affaire) – et l’autre, à l’opposé, réunissant de manière aléatoire la femme entendue et son commis d’office, dont la bonne volonté n’empêche pas les maladresses et qu’elle finira par… vouloir remplacer !

L’empathie est aisée envers le malheureux, d’autant que les policiers ne le ménagent pas sur son patronyme – soit Nageux, ce qui occasionne tous les calembours possibles autour de son titre de “maître Nageux” – et moquent aussi son timbre nasillard, qui est pile poil celui de son interprète, ce qui donne une apparence presque “méta” au projet, visiblement assumée de bonne grâce par Estéban. “Ce n’est pas l’affaire du siècle”, tranche l’un des deux flics au début de l’interrogatoire. Certes, mais le récit, de défaisant astucieusement des pistes tracées a priori, traduit l’importance qu’aura eu cette entrée en matière pour l’avocat débutant, désormais dans le vif du sujet. Un motif réitéré dans la dernière séquence de Première affaire, où la jeune Nora, transformée, sinon transfigurée, prend en charge pour sa “deuxième affaire” un nouveau cas des plus compliqués, avec davantage de confiance en elle. Comme une métaphore du métier de cinéaste ?

Christophe Chauville

Réalisation : Victoria Musiedlak. Scénario : Élise Benroubi et Victoria Musiedlak. Image : Damien Dufresne. Montage : Laura Froidefond. Son : Thomas Guytard, David Trescos et Benjamin Laurent. Musique originale : Léon Rousseau. Interprétation : Estéban, Valérie Trajanovski et Dan Herzberg. Production : Palikao Films.

À retrouver dans

Autour des sorties

Thématiques