En salles 27/02/2018

Deux filles d’aujourd’hui

En salles cette semaine, le premier long métrage de Marie Garel-Weiss, “La fête est finie", est porté par son duo de jeunes actrices : Zita Henrot et Clémence Boisnard.

Marie Garel-Weiss s’est distinguée avec La fête est finie l’automne dernier en obtenant, à la fois à Sarlat et à Saint-Jean-de-Luz, le Prix du public du festival et un double prix d’interprétation pour ses deux jeunes actrices Zita Hanrot (découverte grâce à Philippe Faucon dans Fatima en 2015) et Clémence Boisnard. Toutes deux campent dans ce premier long métrage des pensionnaires d’un centre de désintoxication se liant d’amitié et tentant de repartir ensemble dans le bon sens d’une vie plus apaisée, même si les aléas font que leurs efforts s'effectueront finalement en décalé. Cette fusionnelle amitié se cimentant entre Sihem et Céleste constitue l’atout majeur du film, emportant assez aisément l’adhésion du spectateur, même si l’écriture – ou alors les choix de montage – peut sembler parfois lacunaire, escamotant la réalité de la phase d’abstinence, ou s’appuie trop sur des dialogues explicites, comme lorsque Sihem revient dans sa famille qui, par la voix de l’une de ses sœurs, la rejette finalement. La scène ne manque pourtant pas de force et l’énergie du film transcende un côté plus conventionnel par intermittences de la narration (par exemple, les deux filles, sommées de demeurer dans l’enceinte de l'établissement, font le mur, forcément, et se font choper et renvoyer).

La ligne d'encéphalogramme finalement heurtée du film ressemble un peu à la trajectoire pointillée de sa réalisatrice, qui était intervenue en co-écriture sur les films les plus “sauvages” de Ravalec, puis avec les frères Poiraud (notamment sur Atomik Circus en 2003), aux univers a priori plutôt éloignés du sien. Son court métrage Progéniture avait été sélectionné à Clermont-Ferrand à Pantin et témoignait d’un certain tropisme pour la frontière entre réalité et folie, faisant naître une inquiétude dans les relations entre une mère volontiers “borderline” (jouée par Claude Perron) et sa fille adolescente, sous le regard curieux d’un voisin trop poli pour être honnête, campé par Antoine Chappey et qui s’avérait en fait être un véritable psychopathe... C’était en 2006 et la distance conséquente entre les deux films donne surtout le sentiment qu’ils n’ont rien d’autre en commun qu’une direction d’acteurs toujours aussi affûtée.

Christophe Chauville

Filmographie courts métrage
Art brut (1997, 6 min)
Progéniture (2005, 21 min)