Web et TV 05/10/2021

“Top of the shorts” : une spéciale Cinemed

Le numéro de “Tops of the Shorts” du dimanche 10 octobre proposera deux films passés par Cinemed, en amont de l’édition 2021 de la manifestation montpelliéraine.

Alors que le 43e Festival cinéma méditerranéen de Montpellier s’approche (ce sera du 15 au 23 octobre cette année), Canal+ cinéma lui dédie un numéro de Tops of the Shorts dimanche prochain, le 10 octobre, à 22h35, avec deux films à déguster pleinement, en commençant par Les jambes de Maradona de Firas Diab Khoury (photo de bandeau et ci-dessous), lauréat du Prix Canal+ l’an dernier à l’issue du festival. 

Cette production germano-palestinienne a voyagé en de très nombreux endroits (jusqu’à tout récemment à Silhouette) et exerce une séduction immédiate, dans les pas de deux jeunes frangins palestiniens durant la Coupe du monde de football 1990, qui se déroulait en Italie. Comme tous leurs copains et copines, ils vivent – et vibrent – au rythme de l’événement (qu’on écoute à la radio autant qu’on le regarde à la TV) et passent leur temps à compléter un équivalent de l’album Panini, collant inlassablement les images pour le finir et gagner la console Atari qui les fait rêver… Le hic est qu’il leur manque un autocollant et un seul, celui des jambes de Maradona, donc, un joueur qu’ils abhorrent cordialement, puisqu’ils soutiennent à fond le Brésil, vêtus de leurs maillots jaunes à col vert respectivement estampillés Dunga et Bebeto.

Beaucoup de tendresse et d’humour imprègnent cette aventure dans laquelle tous les petits garçons des années 1980 se projettent facilement, à la différence que le contexte particulier des “territoires” figurent en toile de fond, avec des groupes d’activistes prenant le contrôle de la radio régulièrement pendant les retransmissions de matches !

Loin de la politique, les deux bambins sont de vrais supporters, et l’aîné donne même une leçon à un congénère démissionnaire après la défaite (en huitièmes de finale, contre toute attente…) de leurs favoris, justement contre l’Argentine du génial – quoique honni – “Dieguito”… Mais à cet âge, rien ne compte plus que de contempler avec satisfaction l’image collée dans l’album de son équipe favorite (et ce, même si ce plan final est carrément anachronique, la photo étant celle d’une Séleçao antérieure, puisqu’on y reconnaît Socratès, dont le dernier match en sélection fut celui contre la France au Mondial 1986…) !

Autre lieu, autre temps et autre sujet avec le second film, Je m’appelle Sonila de Suela Barko (photo ci-dessus), coproduction entre Albanie et France (Takami Productions étant la société hexagonale impliquée) présentée en compétition courts métrages à Cinemed 2020. Le film, dont la réalisatrice tient aussi le rôle principal, nous entraîne à Tirana de nos jours, où une femme accompagnée de sa belle-mère et de sa fille adolescente est victime de pickpockets dans un bus et met la main dans l’engrenage infernal du dépôt de plainte pour vol de portefeuilles, devant répéter à chaque policier censé s’occuper de son cas la même litanie administrative, loin de toute action efficace à l’égard des voleurs, enfuis depuis belle lurette.

Les fameuses bureaucraties d’Europe de l’Est ont essaimé dans les Balkans et l’ancien régime communiste albanais a laissé des habitudes profondément ancrées, face à laquelle une femme se sent vite démunie. L’épisode est rythmé, mené tambour battant dans l’habitacle vite asphyxiant de véhicules – bus, puis voitures de police – et d’un commissariat. Un talent à suivre, au sein d’une cinématographie dans son ensemble encore largement méconnue chez nous et qui semble trouver son point d’équilibre entre Orient et Occident.

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Le palmarès de Cinemed 2020.

- Les jambes de Maradona, également présenté au festival Tous Courts en 2020.