Nos soirées 26/11/2022

“Déjà demain” : déjà la der de 2022…

Trois courts métrages récents seront au programme de la dernière séance de l’année civile de “Déjà demain”, le lundi 5 décembre. Avec, en première ligne, trois comédiens remarquables, souvent croisés au sein du format.

Certes, ce sera sans doute, ce soir-là à 20h, le match de huitièmes de finale du Brésil, mais tous ceux qui auront choisi de boycotter la Coupe du monde au Qatar — et les autres — se presseront au MK2 Odéon, côté Saint-Michel, pour cette programmation de “Déjà demain” aussi éclatante que la Seleção 2022… Et les Neymar, Gabriel Jesus ou Vinicus Jr. de la soirée seront plutôt Yoann Zimmer, Édouard Sulpice et Bastien Bouillon, à l’affiche de ce brelan de très bons films récents proposés.

Bastien Bouillon, souvent en tête d’affiche de courts métrages – comme Partir un jour d’Amélie Bonnin, évidemment – incarne dans À trois, de Claudia Bottino (photo ci-dessous), un père rendant visite à sa fille qu’il n’a pas vue depuis un bail, tout en essayant de renouer avec la mère de celle-ci. Du classique, penserait-on de prime abord, mais la qualité de l’écriture et la belle direction d’acteurs, notamment celle de la fillette, mystérieuse et captivante, fait de cette production de Melocoton Films une impeccable réussite, avec une dose d’humour, ce qui ne fait jamais de mal…

D’indéniables atouts du côté de la narration et de la mise en scène imprègnent aussi Donovan s’évade de Lucie Plumet (photo ci-dessous), dont le postulat est plutôt original : un jeune garde du corps est chargé de protéger la femme d’un ministre, en vacances dans le sud avec quelques amis. Un choc des cultures et une véritable dimension politique à travers le regard de Donovan, confronté à un milieu social spécifique, celui des puissants, avec la tentation de s’y laisser sciemment aveugler, et perdre…

Yoann Zimmer, déjà remarqué dans Quelque chose brûle de Mathilde Chavanne et Les enfants partent à l’aube de Manon Coubia, demeure dans une parfaite juste note de sobriété. Il est ici bien entouré, par Aurélia Petit (également à l’affiche de Saint Omer, d’Alice Diop, cette semaine), Sébastien Houbani et – surprise ! – Valentine Cadic, réalisatrice des Grandes vacances, qui est aussi comédienne.

Enfin, l’un des derniers films produits au sein du G.R.E.C., Rapide de Paul Rigoux (photo de bandeau), permet à Édouard Sulpice (révélé en 2020 par À l’abordage de Guillaume Brac) de confirmer sa personnalité un peu à part, dans un rôle lui allant comme un gant : en jeune homme sensible et angoissé, assez maladroit et peu enclin à la vie sociale, privilégiant la lenteur en cette époque d’accélérations tous azimuts (ce qui est usant). Il a rendez-vous avec une fille de ses semblables (!), mais son colocataire, très speed pour sa part, doit voir une autre fille l’étant tout autant ! Du Rohmer revisité à l’ère 2.0 et pas mal de drôlerie et de tendresse, pour un film qui a reçu un mérité Grand prix de la compétition française de courts métrages au dernier FIFIB, à Bordeaux.

De quoi décider d’attendre le quart de finale des “auriverde”, le vendredi 9 décembre, en séchant l’étape intermédiaire, chacun en sera maintenant convaincu…

Christophe Chauville

À lire aussi :

- La séance de novembre de “Déjà demain”.

- Le palmarès du FIFIB 2022.