“Déjà demain” : Apocalypse Now
Le court, début février, ce n’est pas seulement à Clermont-Ferrand ! Une séance “Déjà demain” est à ne pas manquer, lundi 3 février à 20h au MK2 Odéon, côté Saint-Michel. Avec un parfum de fin du monde ?
“Dans les coulisses de l’Apocalypse...” : la ligne thématique est prometteuse, pour ce rendez-vous de février des séances Déjà demain. Et tout commencera avec Le mal des ardents d’Alice Brygo (photo ci-dessous), assez impressionnant d’un point de vue plastique et concocté au Fresnoy par la réalisatrice, en prenant pour base l’incendie de Notre-Dame du printemps 2019. En ouverture, des images tournées sur le vif, saisissant les visages sidérés par le spectacle de l’événement, précèdent une sorte de méditation individuelle et collective sur le drame et les diverses interprétations que chacun ou chacune peut en avoir. Un travail insolite et abouti sur la foule et l’individualité, la raison et la folie, la norme et la différence…
Memories of an Unborn Sun, de Marcel Mrejen (photo ci-dessous), se déploie lui aussi sur les frontières ténues entre les genres, mêlant documentaire et création expérimentale. Récompensé l’année dernière à Visions du Réel, à Nyon, il s’intéresse à une population très méconnue, celle des travailleurs chinois sur des chantiers en Algérie, en des lieux reculés, sinon désertiques, où ils peuvent rester très longtemps et même y terminer leur vie. Le recours à des images d’archives des années 1950-60 – avec commentaire lénifiant typique – établit un pont avec le passé sous-jacent, d’une forme de colonialisme à une autre, moins identifiée. Un design sonore spécialement soigné propulse l’œuvre sur le territoire de la parabole dystopique, en à peine plus de 22 minutes.
Toujours sur un registre de documentaire volontiers décalé, Apocalypse de Benoit Méry (photo ci-dessous), qui est également présenté en parallèle en compétition au Festival de Clermont-Ferrand, est l’une des dernières productions du Grec, qui entraîne au cœur du Hellfest, ce grand-rendez-vous annuel des fans de heavy-metal. Mais il n’est pas question d’un quelconque reportage folklorique sur ce public, entre les scènes où se produisent tous leurs groupes fétiches, passablement énervés, mais plutôt d’une variation sur le pouvoir de la musique, qui joue également sur le son – et ses niveaux de puissance contrastés – comme sur l’image, avec ses moments ralentis, presque en apesanteur.
Une foi d’un autre type se situe au cœur de La passion de Karim, d’Axel Würsten (photo de bandeau), dans lequel un groupe de scouts très ravis de la crèche doit monter un mini-spectacle autour de la crucifixion du Christ, conduisant son interprète principal à chercher le sentiment d’extase pour tenir son rôle avec le plus d’implication possible. Pas si évident, et la lumière lui viendra d’une source plutôt inattendue pour les protagonistes, dans une ambiance de teenage movie souvent drôle et s’éloignant singulièrement, par exemple, des mystiques de la première partie de carrière de Bruno Dumont ! Le réalisateur du film, qui en tient l’un des rôles secondaires, sera présent à la séance pour rencontrer le public, tout comme Marcel Mrejen.
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