Ce qui appartient à… “Déjà demain”
Afin que 2025 débute sous les meilleurs auspices cinéphiles, ne ratez pas la séance du lundi 6 janvier, proposée par L’Agence du court métrage à 20h au MK2 Odéon, côté Saint-Michel.
Quatre courts métrages en vue dans les festivals des mois écoulés seront à déguster, en présence de plusieurs cinéastes, pour la première date de 2025 de “Déjà demain” (voir aussi l’event Facebook dédié). Ce qui appartient à César, de Violette Gitton (photo de bandeau), est l’un des derniers films courts de l’écurie Films Grand Huit et révèle le grand talent de sa jeune réalisatrice, qui exerce aussi sur les plateaux de tournage comme coach d’enfants.
Une double casquette qui s’exprime dans ce récit, puisque son héros, le jeune César, découvre la possible toxicité de la masculinité lorsque se font jour des soupçons d’agression sexuelle de la part d’un moniteur sportif sur sa sœur aînée (jouée par Billie Blain, la petite-fille de Gérard Blain, que l’on voit de plus en plus fréquemment). Un regard sur l’adolescence sensiblement différent du tout-venant de la production, et une prise de conscience salutaire, celle d’un jeune garçon en pleine (dé ?)construction, pour un film incontestablement marquant.
Autre variation différente sur cet âge prétendu ingrat, Fille de Lili Cazals (photo ci-dessus), réalisé dans le cadre des études de la jeune réalisatrice à la CinéFabrique, présente un duo de copines qui vivent leur vie comme elles l’entendent, en jouant au foot et en se fichant des injonctions imposées à la féminité – leurs potes n’ont même pas l’air de les considérer comme des “meufs”… L’état des choses sera-t-il différent au moment de partir en soirée en boîte ?
Il y a beaucoup d’intelligence et d’humour dans l’approche du “genre” proposée par Lili Cazals, qui tient l’un des deux rôles principaux, aux côtés d’Oumnia Hanader, déjà appréciée dans La vérité de Malou Lévêque. Le no man’s land étrange d’une station de bord de mer déclassée – Port-Leucate en l’occurrence – ajoute une certaine mélancolie à cette chronique de coming of age assez singulière.
À Brefcinema, on aime beaucoup aussi Soleil gris de Camille Monnier, produit par Novanima (visuel ci-dessus), un récit en animation 2D plastiquement superbe, sur une palette de couleurs délibérément parcimonieuse, qui prend place dans un futur très proche et où les aléas climatiques obscurcissent un peu plus l’horizon.
Charlie et Jess s’ennuient à garder le motel miteux et désert de la mère de la seconde – qui doit arriver – et, vu la chaleur caniculaire imposée par ce soleil qui tape dur, il serait plus agréable d’aller à la mer pour se tremper un peu. Les tensions se multiplient entre les deux jeunes filles, tandis que les coyotes rôdent et que la radio prédit la possibilité de la fin du monde… Et le pire est en effet peut-être à venir, comme dans un récit biblique : il commence à vraiment y avoir le feu !
Sacrée époque que la nôtre, à vrai dire, ce qu’envisage à son tour le prolifique Hakim Atoui, dont le dernier film s’appelle d’ailleurs Adieu soleil, sur une tonalité de collapsologie également. Mais c’est bien Les liens du sang qui fermera cette séance de “Déjà demain”, film d’anticipation où l’avenir proche est représenté par un robot d’assistance médicale, aux allure d’androïde, qui évoque tout un pan du cinéma (on pense à Mondwest, de Michael Crichton, notamment), avec des dérèglements obligés de la machine.
Ici, le contraste est savoureux avec un cadre très réaliste, celui d’une réunion de famille, avec ses reproches et ses engueulades, pour faire basculer la narration dans un territoire qu’il convient ici de ne pas spoiler… Les excellentes Saadia Bentaïeb (photo ci-dessus) et Myriem Akkhediou sont en tête du casting de ce court métrage primé au Champs-Élysées Film Festival 2024.
À lire aussi :