3 films de Clermont 2025 à “Déjà demain”
Le lundi 3 mars à 20h, “Déjà demain” présentera trois œuvres courtes sélectionnées au dernier Festival de Clermont-Ferrand, dont le dernier moyen métrage de Florent Gouëlou.
Une belle soirée en perspective à Paris, pour commencer mars, avec la séance Déjà demain du lundi 3 mars au MK2 Odéon (côté Sain-Michel), qui permettra de découvrir, en présence des équipes des films, deux œuvres très récentes et une autre qui l’est un tout petit peu moins, mais qui mérite le détour, à savoir le film d’animation Kaminhu, signé Marie Vieillevie (visuel ci-dessous) et qui avait été sélectionné au Festival d’Annecy en juin 2024, avant d’être projeté plus récemment à Paris Courts Devant et à Clermont-Ferrand, à chaque fois en compétition.
On y suit une jeune femme illustratrice et routarde, Joanna, qui voyage au Cap-Vert, séjourne dans un village au nom évocateur – Esperança – et croise un éphèbe local, pêcheur de son état, avec qui elle finit par passer une nuit de passion, avant de devoir déchanter en voyant la réalité géo-politique des liens Nord-Sud lui revenir en pleine face. De ce quart d’heure animé plutôt dépaysant on retient d’abord la musique et des couleurs éclatantes, dont la flamboyante chevelure rousse de l’héroïne, à qui Victoire du Bois prête sa voix.
Autre histoire d’amour contrariée, celle que met en scène Arnaud Delmarle dans Big Boys Don’t Cry (photo ci-dessus), qui semble détourner le titre d’une célèbre chanson de The Cure, mais ce n’est pas le cas : produit par le Grec, ce film ayant reçu à Clermont-Ferrand la Mention spéciale du jury Queer métrage met en scène une bande de potes à Marseille, voyant revenir l’un des leurs, Hicham, engagé dans l’armée et à la veille de repartir en mission.
L’un des gars du turbulent groupe, Lucas, est particulièrement heureux de ce retour, et manifestement troublé, cachant une attirance et des sentiments profonds pour le revenant… Le réalisateur parvient à renverser les clichés sur la masculinité et l’émulation virile, orchestrant au sein de ces vitelloni phocéens une agitation joyeuse, avant d’affiner le drame intime du personnage joué avec fièvre par un Rod Paradot sur le fil. Et la dernière séquence, où le groupe soudé se resserre autour de sa détresse, surprend et émeut.
L’intime, les failles individuelles et les difficultés à exprimer ses sentiments, Florent Gouëlou s’en est lui aussi fait une spécialité et son moyen métrage Nous les prochains (photos de bandeau et ci-dessus) en témoigne avec finesse et sensibilité, une fois de plus. Le film, d’ailleurs, jette un pont direct avec Un homme mon fils, son film de fin d’études de la Fémis où il se filmait avec son propre père, Jean-Marie Gouëlou, explorant leurs rapports complexes, entre conflits et tendresse. Cette fois, le fils fait carrément mourir son père et, dans l’intervalle temporel bref précédant les funérailles et la dispersion des cendres, voit le fantôme paternel lui apparaître, pour des conversations inattendues, surtout en présence de la sœur du protagoniste, Cassandre, qui ne voit pas le revenant pour sa part et qui cultive encore plus de ressentiments à son égard.
Finalement, c’est un rapprochement entre les deux qui s’opère devant l’épreuve, qui nourrira le numéro de stand-up du dit Fred, drag queen se produisant sur la scène d’un cabaret, comme dans chacun des films de cette œuvre d’évidence cohérente et affinant une recherche personnelle affirmée à chaque étape, non sans humour et ironie.
À lire aussi :
- Retour sur le palmarès du Festival de Clermont-Ferrand 2025.
- Sur l’édition DVD du premier long métrage de Florent Gouëlou, Trois nuits par semaine (2022).