Retour sur le palmarès brestois
Le 38e Festival européen du film court de Brest s’est conclu le 12 novembre. Dix jours après, petit tour d’horizon des récompenses et œuvres marquantes.
Il y a toujours beaucoup de prix décernés au Festival de Brest, qui ont été remis à l’Auditorium de la Médiathèque des Capucins en présence de nombre de cinéastes en lice et de beaucoup de spectateurs, notamment des jeunes, ayant suivi avec attention les différentes compétitions.
Pour la sélection européenne, le Grand prix est revenu à un réalisateur polonais, Michal Toczek, pour son film d’école A Dead Marriage (photo de bandeau), qui met en scène un figurant spécialisé dans les emplois de macchabée et dont l’existence assez terne rebondit à la faveur d’une rencontre avec une charmante collègue sur le tournage d’un film historique, plus précisément le plan d’ensemble d’un massacre !
Humour noir et tendresse au programme, comme dans le Norvégien Tits d’Einvind Landsvik, lauréat du prix du public et où la jolie fille d’une bande d’ados électriques se rapproche de façon inattendue d’un “boloss” rouquin, enrobé et timide – autrement dit celui que l’on ne regarde même pas d’ordinaire.
A Study of Empathy, coproduction germano-danoise signé d’Hilke Rönnfeldt (photo ci-dessus), emprunte des sentiers comparables, une artiste contemporaine montant une exposition sur le motif de l’empathie et rencontrant une fille un peu complexée et toute contente de participer, qui va du coup au-devant de sérieuses désillusions. Le film, doux-amer et impeccablement interprété, a reçu le Prix des passeurs de courts, qui lui promet une diffusion dans les cinémas de la Région.
Autre vainqueur, à travers le Prix de la mise en scène, le 1991 de Linas Ziūra (photo ci-dessous), qui est lituanien et transporte au moment de l’indépendance de son pays, période troublée où les Soviétiques profitèrent de la confusion pour faire preuve d’une violence aussi rance qu’illégale, ce qui fait évidemment écho au drame ukrainien. Ce dernier était aussi évoqué directement à travers Le fantôme de Marioupol, expérimentation de la Suissesse Marie Chemin pour son film de fin d’études de l’ÉCAL de Lausanne, qui a reçu le Prix du jury Europe.
Autre œuvre étudiante, La voix des autres de Fatima Kaci a réalisé un beau doublé, avec le Prix du jury France et celui d’interprétation pour son excellente comédienne Amira Chebli, qui y incarne une traductrice amenée à travailler en lien avec des demandeurs d’asile et, forcément dépassée humainement par la cruauté des histories individuelles, sort de son rôle et se voit renvoyée à son propre passé.
Un film puissant et (car ?) sobre, découvert à la Cinef cette année et dont on reparlera à coup sûr au fil des festivals à venir.
Les autres grands gagnants à Brest cette année auront été Marie-Lola Tervers et Paul Jousselin pour Les mystérieuses aventures de Claude Conseil, d’une part, Sara Ganem pour Petit Spartacus de l’autre. Les premiers ont décroché le Prix du public et celui de la jeunesse pour la compétition française, la seconde – qui est également la protagoniste de son très inventif road-movie à vélo – est repartie avec le Prix Brefcinema – hé oui ! – et le Prix du public de la compétition Bretagne, en plus d’’une mention du Prix Alice-Guy.
Ce dernier, une nouveauté de cette édition, fait entrer le format court dans son giron, ce dont on se félicite, en même temps que l’instigatrice du prix, la critique de cinéma Véronique Le Bris, et c’est Aude N’Guessan Forget qui, la première, inscrit son nom à ce palmarès avec Anansi (photo ci-dessus). On ne saurait trouver plus légitime récipiendaire, ce film de la Fémis plein de tact poursuivant en outre un très beau parcours depuis quelques mois.
Autre jeune réalisatrice comblée – et enthousiaste ! : Salomé Da Souza, dont le Boucan sera diffusé sur France Télévisions suite à son prix dédié (le Grand prix France 2), en plus de l’Europe via Shorts TV qui a aussi fait porter son choix sur cette histoire d’amour occitane pleine d’énergie, entre deux cousins, donc avec un parfum d’interdit. Et aussi le tube de Gérard Blanc Une autre histoire qui rrvient à deux reprises et reste dans la tête…
Tout un programme seyant parfaitement à l’édition 2024 du festival, qui devrait retrouver son fief du Quartz une fois les travaux de ce lieu “historique” enfin achevés.
À lire aussi :
- Le palmarès du Festival européen du film court de Brest 2022.
– Une autre distinction attendue du moment : le Prix Jean-Vigo 2023.