News 21/02/2022

Mihai Grecu récompensé par le Syndicat de la critique

Le Prix du meilleur court métrage français de 2021 décerné par le SFCC à la Cinémathèque française, ce lundi 21 février, est revenu à Mihai Grecu pour Nicolae. Le cinéaste primé a accepté de répondre à quelques questions.

Quelle est votre réaction à l’attribution du Prix du meilleur court métrage de l’année par le SFCC à votre film Nicolae ? Quelle valeur accordez-vous à la reconnaissance critique à votre travail ?

Je suis extraordinairement heureux de recevoir ce prix ! C’est une grande récompense pour mon travail et mes collaborateurs… Ce projet a demandé plusieurs années de préparation et a été repoussé maintes fois par la pandémie, je suis donc plus qu’heureux que ce film reçoive cette grande reconnaissance de la part de la critique. Cette annonce intervient au début de la carrière du film et j’espère que cela nous aidera à sa diffusion.

Nicolae est un projet atypique, dans son format de moyen métrage comme sa tonalité hybride : quelle en a été la genèse ?

Les premières idées du projet me sont venues en réfléchissant au passage du temps, qui modifie la perception de l’Histoire. Celle-ci peut-elle être changée à l’ère du numérique ? Est-ce que le virtuel peut impacter la lecture du passé réel ? Quand j’ai remarqué que de nouveaux algorithmes numériques parviennent à recréer des personnalités historiques, j’ai tout de suite pensé à leur possible utilisation pour la mise en question de thématiques importantes, telles l’Histoire ou la démocratie.

J’ai d’abord pensé le projet comme une fiction expérimentale, puis on s’est rapidement rendu compte que ce serait bien plus fort avec une base documentaire et que j’apparaisse aussi à l’image en assumant de tourner dans mon village. C’est mon premier documentaire, j’ai dû oser, avec l’aide de mon producteur, passer devant la caméra et me raconter davantage.

Après The Reflection of Power, vous expérimentez d’autres trouvailles visuelles dans ce film. Comment les avez-vous conçues, puis fabriquées ?

Cette fois ci je m’adresse directement aux protagonistes, aux personnages de ce film. Je voulais les confronter à une apparition inattendue, au temps vécu qui se réincarne devant eux comme une recrudescence de la mémoire. Et pour y arriver j’ai dû mixer deux technologies récentes : l’holographie et l’intelligence artificielle. Cela a nécessité deux tournages différents : l’un à Paris, en studio, pour la fabrication de l’hologramme ; l’autre in situ en Roumanie. J’ai mis en scène ces face-à-face entre les protagonistes et l’illusion numérique pour interroger leur rapport à la mémoire et au passé, et aussi de comprendre leur vision du pouvoir et de la liberté individuelle.

Que dit votre film, selon vous, de la Roumanie d’aujourd’hui ?

C’était l’un des enjeux du dispositif central du film que de se faire une idée de la situation actuelle de la Roumanie. J’ai discuté avec beaucoup de personnes d’âges différents et j’ai remarqué que beaucoup de jeunes ne connaissent pas Ceausescu. Je ne suis pas encore tout à fait vieux, alors cela m’a surpris ! Je voulais aussi questionner l’intégration des technologies numériques dans nos vies quotidiennes et voir comment cela parle aux différentes générations. Je pense que la manière dont les technologies contemporaines affectent le déroulement du présent nous donne des éléments de compréhension aussi sur des mécanismes de l’Histoire et du passé .

Beaucoup de gens se déclarent mécontents de la situation actuelle du pays et demandent de manière métaphorique le “retour de Ceausescu”. Alors je voulais intervenir avec un dispositif de type “Deus ex machina” pour mettre en œuvre un retour de ce personnage qui soit crédible et en phase avec notre époque.

Que retenez-vous de votre collaboration avec Barberousse Films ? Avez-vous d’autres projets ensemble ?

C’est une collaboration qui dure depuis plusieurs années. Nous avons déjà réalisé ensemble Saturnism en 2020, une expérience en réalité virtuelle qui a eu du succès. Nicolae nous a demandé beaucoup de travail surtout en tenant compte du fait qu’une bonne partie de la production s’est déroulée pendant la pandémie de Covid-19. Nous finalisons un autre projet en réalité virtuelle intitulé Sol-Air et souhaitons collaborer sur d’autres futurs projets de film, encore en écriture.

Propos recueillis par Christophe Chauville


Le reste du palmarès de cette 76e cérémonie est à découvrir sur le site du SFCC.

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