News 16/05/2023

La 5e édition du European Short Film Audience Award

Le European Short Film Audience Award est un programme initié en 2018 par le BSFF, à Bruxelles, et créé avec 9 autres festivals européens de courts métrages. Nous étions présents à la soirée de lancement de la 5e édition de l’opération.

L’année passée, comme depuis cinq années maintenant, l’ESFAA (European Short Film Audience Award) a sélectionné neuf courts métrages, ayant tous remporté un prix du public national dans leur pays européen respectif, pour leur permettre de voir plus grand, de partir explorer l’Europe à travers une tournée longue de dix festivals partenaires. À chaque halte, ils seront soumis à un vote du public qui désignera, d’ici avril 2024, le meilleur des meilleurs courts métrages européens.

Samedi 24 avril, sur les coups de 19h30, Bruxelles profite des rayons du soleil pour quelques minutes encore. Cela est suffisamment rare pour être souligné. Mais il est dit que les belges ont le sens du “recevoir” : c’est le premier arrêt – encourageant, donc - pour les neufs courts métrages retenus et c’est aussi, par analogie, le lancement de la tournée 2023/2024.

L’annonce du grand gagnant du quatrième ESFAA ouvre la cérémonie et c’est à Xavier Seron (réalisateur belge – nous comprenons mieux la présence du soleil !) que revient cet honneur pour Sprötch, court métrage qui trouve sa place entre deux longs : Je me tue à le dire (2016) et Chienne de vie (prochainement).

Le voyage débute par le programme 1, depuis les Pays-Bas, avec Bes d’Ayla Çekin Satijn (photo de bandeau), qui se fait subtil mélange entre affirmation de l’identité sexuelle et rappel au passé, à l’insouciance ; puis nous prenons la direction du nord et de la Finlande pour y découvrir le profond Blue Note de Pavel Andonov (photo ci-dessus). Sa magnifique photographie encore en tête, nous basculons avec délice dans Babythump (photo ci-dessous), court métrage britannique discernable à son humour décalé, réalisé par le monteur Ian Killick.

Nous arrivons ensuite au Portugal où nous plongeons abasourdis dans les traits de crayons que David Doutel et Vasco Sá prêtent à leur film Garrano (visuel ci-dessous). Œuvre sensible, sensitive, éprouvante, qui laisse au spectateur le soin d’interpréter dûment ce qu’il voit. Ce premier périple s’achève enfin en Belgique avec l’édifiant Ma gueule de Grégory Carnoli (également personnage principal – récompensé en tant qu’acteur) et Thibaut Wohlfahrt. Il nous reste alors en tête l’absurdité des délits de faciès et des multiples concours de circonstances injustes et incompris : un coup de maitre entre genre comique et cri de colère.

Si le programme 1 est, à son ouverture, une ode à l’interprétation et laisse le temps au silence, le départ du programme 2 se fait davantage sentir. Nous l’amorçons en France, et à peine avons-nous passé la seconde que nous voilà en sixième avec Tondex 2000 réalisé par Jean-Baptiste Léonetti. Pendant 28 minutes, Sylvain, vétéran de l’opération Pamir en Afghanistan, ne nous laisse pas respirer. Dérangeant d’abord, plus qu’attachant ensuite, Yann Bean fait de ce court métrage une pépite, qui nous fait nous regarder, qui nous fait grimacer.

Le souffle nous manque encore que nous arrivons en Pologne avec Sharing de Natalia Sara Skorupa, seul court métrage documentaire de la compétition. Dans l’intime le plus absolu – une cuisine étroite et une chambre –, tourné sans un sou, la réalisatrice expose sa vie quotidienne à travers des questions posées à ses proches. Sa lutte pour le maintien de son identité résonne dans ce huis-clos bousculant.

Avant-dernier arrêt en Espagne avec un court métrage magnifique d’ingéniosité. Arquitectura Emocional 1959 réalisé par Elias León Siminiani (photo ci-dessus) nous régale par sa plasticité mêlant prise de vue réelle et dessins en post-prod, articulant ses personnages de l’automne à l’été à l’instar de pions, inconsciemment dictés par une voix off. Notre périple en tant que spectateur s’achève enfin en Allemagne avec un très court métrage d’animation de Jens Rosemann, If not now, then when… ?, qui, scrupuleusement, installe une boucle temporelle, pour ne jamais vraiment mettre un terme à ce beau voyage de cinéma.

Pendant un an, ces neufs courts métrages rencontreront les regards des publics des neufs pays les ayant respectivement élus. À noter que l’accueil français est prévu à Clermont-Ferrand, entre le 2 et le 10 février 2024… Sous un soleil d’hiver ?

Lucile Gautier

À lire aussi :

- Tondex 2000, primé à Clermont-Ferrand en 2023.

Arquitectura Emocional 1959, primé à Brive en 2023.