News 10/10/2024

Disparition : Siegfried Debrebant (1973-2024)

On le connaissait sous son seul prénom et s’il avait quelque peu disparu de la circulation ces derniers temps, Siegfried avait marqué une époque, celle de la fin des années 1990 et du début des années 2000, tant avec des courts que des longs.

On se souvient encore de la découverte de La faim (photo de bandeau), court métrage interprété par un acteur alors encore quasi inconnu, à savoir Roschdy Zem (N’oublie pas que tu vas mourir, de Xavier Beauvois, est sorti le 3 janvier de cette année-là). Avec le réalisateur du film, Siegfried, ils s’étaient croisés aux puces et avaient décidé de faire un film, qui suivait caméra à l’épaule, en mode presque documentaire, un SDF en quête de nourriture, prénommé Yes – “mais pas toujours positif”, se heurtant à l’indifférence de la grande ville et de ses passants. Une critique du film était parue alors dans la version trimestrielle – à l’époque – de Bref (dans le n°30, août 1996), après sa présentation à Cannes, dans le cadre de la section Cinémas en France, disparue peu après.

De son vrai nom Siegfried Debrebant, le réalisateur, alors âgé de 23 ans seulement, avait déjà bricolé deux courts auto-produits l’année précédente, La toile (avec notamment Dinara Droukarova) et La dame. Il enchaînait vite avec, assez bizarrement, un quasi remake de La faimC’est Noël déjà ?, en 1997, et passait au long dans la foulée avec Louise (Take 2) (photo ci-dessous, article à lire dans Bref n°40), pour lequel il retrouvait son Zem fétiche, ainsi qu’Élodie Bouchez, étoile montante de la période. Son passé et sa formation de musicien – de jazz, principalement – inspiraient largement la mise en scène de ce conte urbain montré en 1998 à Cannes, dans la section “Un certain regard”. 

Sansa, présenté à la Quinzaine en 2003, était tout aussi libre et échevelé, mettant en scène un peintre voyageur – toujours incarné par son acteur fétiche – et un violoniste joué par Ivry Gitlis en personne – qui avait aussi composé la bande originale du film avec son réalisateur. Ce film qui existe en DVD mérite d’être redécouvert, d’autant que la suite aura été discrète, jusqu’à un énigmatique Riga (Take 1) en 2017, dont on doit bien avouer ne rien savoir.

En regard caméra, en conclusion de La faim, Yes lâchait, fataliste : “C’est la vie, c’est comme ça”. On ne saurait mieux dire pour saluer la mémoire de ce réalisateur vagabond s’étant éclipsé cette fois pour de bon.

Christophe Chauville

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