Concours de la jeune critique 2023 : les lauréats des catégories Collège, Lycée et vidéo
Chaque année, le Festival de Clermont-Ferrand organise le concours de la jeune critique. Partenaires de l’opération, nous publions les textes retenus par les jurés pour les collèges et lycées.
Grand prix de la catégorie Collège : Esteban Corentin, du Collège Pierre-Mendès-France de Riom, pour son texte sur le film Sur la tombe de mon père de Jawahine Zentar (compétition nationale et séance scolaire, photo de bandeau).
Religion, tradition, opposition… Quand seules des pensées vous raccrochent à votre père défunt parce qu’en tant que femme, vous n’avez pas le droit d’assister à son enterrement … Comment Maine mène-t-elle ce difficile combat ?
Trois enfants à l’arrière d’une voiture traversant le désert marocain, seule Maine est dans la lumière. Pourquoi son aînée reste-elle dans l’ombre ? Deux musiques se superposent : celle du Coran à la radio et celle des émotions intérieures de Maine. Elle ne comprend pas les premiers échanges en arabe : comment vivre entre deux pays et accepter sa culture d’origine ?
Des plans serrés de la veillée familiale font sentir son oppression que le motif des barreaux, cadres de portes, grilles accentuent, montrant aussi l’adolescente toujours entre deux mondes, prête à franchir l’interdit . Sa rébellion émerge dans des endroits de plus en plus ouverts : une chambre aérée, une terrasse, le désert. Cette ouverture progressive suggère un chemin vers la libération qui est signifiée également par le mouvement : d’abord immobilisée sur le cercueil paternel, Maine tente de marcher dans la procession puis court librement vers le cimetière, contrairement à son aînée soumise à la tradition. Leur opposition est visible sur la terrasse, Maine dans la lumière, Esmée dans l’ombre, dos à dos, et s’incarne même dans une lutte corps à corps montrée en plans serrés caméra à l’épaule.
Le moment où Maine attrape une poignée du sable préféré de son père pour le déposer sur sa tombe, est poignant. Maine tenant à rendre hommage à son père, parvient donc à braver la tradition : sa détermination impressionnante est bien montrée dans ce film émouvant.
Grand prix de la catégorie Lycée : Jules Alvarez, de l’ensemble scolaire Fénelon de Clermont-Ferrand, pour son texte sur le film The Debutante d’Elizabeth Hobbs (compétition Labo et séance scolaire, visuel ci-dessus).
“Puis-je vous présenter ma fille ?”. Nous ne connaissons pas son nom, mais nous devinons ses convictions. Fille de Lord, cœur d’émeraude… Du haut des cieux londoniens, bercée tout proche de la Tamise, elle mène sa vie d’étincelles et de rubis, et pourtant, son cœur balbutie tumultueusement devant cette hyène. Hyène, meurtrière, toge hirsute et pestilente, carcasse sincère et attachante, l’animal, prédateur de cœurs artificieux, face au gourdiflot humain lors du dîner dansant, est-il finalement la véritable bête de cette réception ?
Les images, elles aussi, prennent part à la danse infernale et colorée. Les nuances de couleurs, balafrent l’écran. L’écran masque nos yeux, tout autant que nos pensées bestialement humaines qui soutiennent notre éveil éternellement. Sachons alors contempler la “bête sanguinaire” née de notre propre jugement. L’écran, c’est aussi et surtout le déguisement d’une hyène plongée dans la comédie humaine, balzacienne et boétienne.
Pas de danse, ricanements, moqueries, glousseries, niaiseries, gloutonnerie, hypocrisie, l’hyène se conforme vite à la jungle dangereusement humaine qui s’ouvre à elle. C’est sur ce trait de moralité que Elizabeth Hobbs nous fait nous questionner, nous repenser, presque méditer même, durant huit minutes riches en émotions, déchainant les passions, et fortes en convictions.
Les critiques sont aussi à visionner, lues par leurs jeunes auteur(e)s, en version vidéo sur le site de l’opération. Y figurent aussi les critiques vidéo récompensées dans cette lacatégorie, dont le Grand prix décerné à Marianne Chahid-Fryszman, du Lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, à propos du film d’animation Go Fishboy de Denise Cirone, Sebastian Doringer, Andrey Kolesov, Chiayu Liu, Zhen Tian et Lan Zhou (compétition nationale, visuel ci-dessus).
À lire aussi :
- Les textes lauréats du concours de la jeune critique 2022.