News 02/07/2021

Concours de la jeune critique 2021 : les lauréats des catégories Collège et Lycée

Chaque année, le Festival de Clermont-Ferrand organise le concours de la jeune critique. Partenaires de l’opération, nous publions les textes retenus par le jury Collège, Lycée professionnel et Lycée d’enseignement général et technologique.

Grand prix de la catégorie Collège : Camille Nourry (3ème, Collège Champclaux de Châtel-Guyon), sur le film Coffin de Houzhi Huang, Yuanqing Cai, Mandimby Lebon, Théo Tran Ngoc, Mikolaj Janiw, Nathan Crabot (visuel de bandeau).

Nul besoin de paroles, d’acteurs en chair et en os pour nous plonger dans le monde assourdissant des travailleurs exploités dans les mégapoles chinoises et soumis à la promiscuité.

Un intérieur peu engageant, un grincement de porte, l’ombre d’un personnage et nous voici à l’entrée d’une pièce faisant office d’habitation. La vue en plongée donne à notre personnage un côté insignifiant.

L’homme s’assoie sur son lit. Un travelling vertical permet de le voir rapidement dans son ensemble.

Voir aussi qu’il rêve d’ailleurs, de son pays ? Il s’apprête à se coucher.

Un flot de bruits l’empêche de s’endormir. Les sons se métamorphosent en éléments cauchemardesques. Les footballeurs sortent de la télé; les ronflements du voisin se transforment en typhon; la chasse d’eau en inondation; la cigarette allumée en incendie; la sonnerie du téléphone en marteau piqueur; de simples les bruits de la rue en sirènes de pompier. Du rouge, de l’orange, même les couleurs se mêlent à cette agressivité.

Tout se mélange autour de lui. Il suffoque. Sa tête semble exploser. Tout s’écroule. Aspiré par la chasse d’eau, il se noie au milieu des déchets. Sa vie ne représente plus rien. La chasse d’eau se vide. Tout redevient calme. Il a fini par s’endormir.

S’enfermer dans son lit, s’enfermer dans un cercueil pour enfin trouver la paix et lâcher prise …

Musique angoissante, bruits amplifiés, contre plongées qui agrandissent les perspectives et renforcent la sensation de vertige.

5 minutes pour ressentir, 5 minutes pour comprendre, 5 minutes pour plonger dans cet enfer.

Grand prix de la catégorie Lycée d’enseignement général et technologiqueMaxime Conchon (Terminale, Lycée Ambroise-Brugière de Clermont-Ferrand), sur le film La chamade d’Emma Séméria (photo ci-dessus).

Dès le début du film, le coup de fil que passe Camélia à Salah présente une ambiguïté qui donne rapidement le ton de la narration : est-ce que les sentiments que se portent ces jeunes sont d’ordre amoureux ? C’est cette question qui va maintenir le spectateur attentif. Dans le divertissement jeunesse, ce thème est souvent vulgarisé, trop artificiel et commercial. Dans La chamade, on le rend doux, sain et simple. C’est agréablement sécurisant et poétique. 

La poésie est apparente dans la narration, mais aussi à l’image. Comment ne pas être sensible au paysage isolé et calme de ce petit village du sud ? Comment ne pas être bercé par le chant des cigales qui partagent la bande audio avec une musique lénifiante ? Comment ne pas être sensible à la palette de couleurs offerte par le coucher de soleil. Ces choix artistiques amènent une douceur à l’image et la réalisatrice n’a pas peur de montrer des plans uniquement esthétiques. L’ambiance du film est si confortable et sensorielle qu’on pourrait sentir l’air chaud des soirs d’été, depuis notre siège. 

De l’ambiance, on peut aussi extraire l’intention de la réalisatrice : montrer la simplicité qui déborde des deux jeunes et l’évolution de leurs émotions. Ce conte de fin d’été va susciter chez certains spectateurs une excitation enviée et pour d’autres de la nostalgie. Le film aborde la relation à l’autre sous différents symboles et cela sans trop de longs discours. Si on le veut, on peut s’amuser à déceler les signes et deviner quelle sera la fin, sinon on peut se laisser porter jusqu’à elle ; en ce qui me concerne, le film a amené plus de sensations que de réflexions.

Les critiques sont aussi à visionner, lues par leurs auteur(e)s, en version vidéo sur le site de l’opération, ainsi que celle des lauréats du Grand prix des catégories Lycée professionnel et “critiques vidéo”.

À lire aussi :

- Les 3 critiques primées en 2021 par notre jurys dans la catégorie “section cinéma”.

- Les lauréats du concours de la jeune critique 2020.