Festivals 16/10/2020

Cinemed à l’heure du couvre-feu

Le 42e Festival du cinéma méditerranéen commence malgré les nouvelles conditions sanitaires en vigueur à Montpellier. Son programme s’annonçait toujours aussi copieux, entre le 16 et le 24 octobre, y compris sur le volet du court métrage, à travers sa compétition, toujours attendue, mais pas seulement.

Tout devra donc se terminer chaque soir avant 21h, mais les organisateurs de Cinemed ont décidé de maintenir cette édition 2020 de la manifestation avec, juste avant l’entrée dans l’ère du couvre-feu, une ouverture sous le signe du nouveau film de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, L’homme qui a vendu sa peau, présenté en avant-première. Parmi les autres longs métrages qui seront ainsi montrés, on jettera plus d’un œil à Rouge de Farid Bentoumi, au succulent À l’abordage de Guillaume Brac ou encore à Hammamet de Gianni Amelio, l'auteur du magnifique Les enfants volés au début des années 1990, dont on n’avait plus guère de nouvelles ces dernières années.

Dans le cadre de la compétition seront en lice Sous le ciel d’Alice, le premier long métrage de Chloé Mazlo, dont il sera question dans Bref 126 (à paraître début 2021) et Teddy, des frères Boukherma. On découvrira aussi en panorama un nouveau film d’un réalisateur suivi depuis longtemps en nos pages, à savoir Ismaël Ferroukhi : Mica.

La sélection des courts métrages, toujours pilotée avec talent par Michèle Driguez, apparaît toujours aussi prometteuse de son côté, conduisant à tous les coins de l’espace méditerranéen, de Croatie jusqu’en Égypte, de la Tunisie à l’Espagne, en passant par Israël, le Portugal et la Turquie – et même la Bulgarie, preuve que l'aire géographique couverte peut remonter vers le nord. Quelques titres sélectionnés à la volée : Le bain d’Anissa Daoud (qui fit partie du jury des courts métrages en 2017), Le départ de Saïd Hamich, Souvenir souvenir de Bastien Dubois ou encore Je dis ça, je dis rien de Sanja Milardovic (photo ci-dessus). Une sélection d'autres courts en panorama permettra au public d’y décerner son prix, tandis que d’autres œuvres du format seront à voir aussi au sein d’une programmation concoctée par Arte en carte blanche (avec notamment le Shakira de Noémie Merlant, qui sera également au sommaire du prochain numéro de Bref) et de la sélection des “Talents en courts” de l’année. Une autre carte blanche, offerte à l’école montpelliéraine ArtFX, permettra la projection de 22 films de fin d’études réalisés entre 2010 et 2020. 

On verra aussi dans le cadre des traditionnels “Regards d’Occitanie”, Cet autre hiver de Margo Brière Bordier, avec Adèle Exarchopoulos et l'almodovarienne Lola Dueñas (photo ci-dessus), le coloré et animé Normal de Julie Caty ou encore Numéro 10 de Florence Bamba. L’ouverture du Mois du film documentaire se fera en outre sous les auspices d’un 52 minutes signé Laure Pradal : Des livres et des baguettes.

Enfin, la rétrospective majeure de l’année, autour de Federico Fellini permettra de voir ou revoir plusieurs sketches dont le maestro s’était brillamment fendu pour L’amour la ville (Une agence matrimoniale, 1953), Boccace 70 (le fameux Les tentations du docteur Antoine, avec une Anita Ekberg géante et pantureuse, 1962) et Histoires extraordinaires (Toby Dammit, adaptation de Poe dominéé par le magnétisme de Terence Stamp, 1968). De quoi garder tout de même un semblant de sourire, comme la Cardinale sur l’affiche pleine de peps de cette édition finalement aussi particulière que l’aura été l’année entière.

Christophe Chauville

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- La 1000e de Court-circuit sur Arte.