Ce qui restera de Court métrange, opus 17
Les aficionados de courts métrages insolites et fantastiques se sont délectés de retrouver la grande salle du Cinéma Gaumont de Rennes pour les séances de la 17e édition du Festival Court métrange, dont le Grand prix est allé à un film français.
Après une édition 2020 réduite à sa portion “mini” pour cause de crise sanitaire, Court métrange était de retour à Rennes, fin septembre-début octobre, retrouvant avec délice ses habitués, même s’il faudra encore attendre des jours meilleurs pour retrouver les séances systématiquement complètes dans la grande salle du Gaumont de la place de la Liberté.
Le jury présidé par Thierry Lounas a décerné ses récompenses et c’est Friandise de Rémy Barbe qui a remporté le Grand prix. Déjà vainqueur du Prix du public de l’Étrange festival à Paris en septembre, ce presque moyen métrage de 29 minutes 59 met en scène un couple au crépuscule de sa relation, composé d’une cantatrice et d’un chef cuisinier que la bonne chère unissait jadis et qui va revenir à la chair, justement, de façon plutôt… sanglante ! On passe d’un univers à la Caro-Jeunet style Delicatessen à une dimension nettement plus gore et soulevant délicieusement l’estomac… Le jeune réalisateur, issu de la mouvance du collectif des Films de la Mouche, confirme les espoirs placés en lui par les familiers du secteur avec Et le diable rit avec lui (2017), déjà primé à Court métrage en son temps.
Autre prix important, le Méliès d’argent est revenu à Zoé Arene pour En fin de conte (photo ci-dessus), production belge l’étant d’ailleurs nettement, évoquant le dispositif de C’est arrivé près de chez vous, par exemple, avec un film dans le film et un sujet filmé, pour un portrait docu, plutôt exotique. Il s’agit là d’une fée présumée, en tout cas autoproclamée, un peu foireuse dans ses activités magiques et plus douée pour se saouler généreusement… On rit pas mal et l’actrice qui joue cette Coco folklo, Aline Mahaut, emporte le morceau.
Le Métrange France Télévisions décerné par Christophe Taudière, responsable du pôle courts métrages du bouquet, a distingué Birds With No Legs, de Pavlos Stamatis (photo de bandeau), qui suit la rencontre dans un fast-food de Londres, un soir, entre deux solitudes. Dans ce climat plutôt décalé, une femme sans bras semblant cacher quelque secret face à un écrivain raté tentant de la draguer (mollement). Celui-ci n’est pas au bout de ses surprises, et le spectateur non plus. Il est évidemment toujours appréciable de voir tordre les codes de la “romcom”, y compris dans les arcanes du bizarre…
Le savoureusement parodique Something Doesn’t Fell Right de l’Irlandais Fergal Costello a reçu le Métrange Shadowz, du nom de la plateforme dédiée spécialement au film d’horreur et d’épouvante. Il s’avère effectivement assez jubilatoire, avec son petit-cousin de Mike Myers ou du Jason de Vendredi 13 faisant l’apprentissage de l’ingéniosité, puis de la sensiblerie ! Dans un genre comparable, on s’est sacrément bien amusé devant Stuck de David Mikalson (photo ci-dessus) où un voyeur pervers s’introduit dans un gymnase pour mater les jeunes filles pendant leur entraînement et se voit puni de radicale manière – ouille, on en aurait même presque mal pour lui…
D’autres audaces variées traversaient des films de la compétition non retenus au palmarès, comme le Tomorrow I Will be Dirt de Robert Morgan, le papa de Bobby Yeah, dont le protagoniste “poupon” est aussi crade que le lapin chelou qui l’avait devancé, ou un film d’animation brésilien inattendu, Nox insomnia de Guy Charnaux, dont le dénouement est plutôt (dé)culotté…
La mésaventure du protagoniste de l’Estonien Bad Hair d’Oskar Lehemaa, tout content de recevoir sa lotion capillaire pour son crâne en train de se dégarnir, et l’extraordinaire théorie du chaos développée en 6 minutes chrono par le film d’animation Mondo Domino de Suki (visuel ci-dessus) ont eux aussi marqué l’ultime journée d’un festival où l’on aura en outre pu revoir des œuvres déjà connues, comme Nouvelle saveur de Merryl Roche (toujours en ligne sur Brefcinema) ou les œuvres d’animation déjà plébiscitées que sont Homeless Home, Affairs of the Art, Ronde de nuit et No, I Don’t Want to Dance.
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- “5 histoires macabres”, en salles à partir du 31 octobre 2021, avec Bad Hair.