Festivals 23/04/2024

MCM 2024 : un tableau d’honneur enthousiasmant !

Retour sur les courts métrages primés lors de la clôture du MCM, le 6 avril dernier, au terme d’une semaine de compétition ultra dense comptabilisant plus d’une soixantaine de films.

Rendez-vous désormais incontournable au sein de la cité phocéenne, le Festival international Music & Cinema Marseille (MCM) se positionne comme la référence en matière de composition musicale pour l’image. Un succès que l’équipe organisatrice doit d’une part à une programmation protéiforme et particulièrement fournie, à une pléiade d’invité(e)s de prestige, mais aussi à la capacité de s’être renouvelée à Marseille, après vingt-deux éditions s’étant déroulées à Aubagne. Chaque année plus riche en propositions, la manifestation affiche au menu de très nombreuses projections lors de compétitions et autres cartes blanches, mais également ciné-concerts, rencontres, conférences, ateliers et masterclass.

Le Grand prix de la meilleure musique originale a été décerné cette année au film de Malu Janssen A Capella in D mineur (photo ci-dessus), court drame dans lequel quatre parents se retrouvent confrontés à une question délicate : leurs enfants peuvent-ils entamer une vie sexuelle ? La musique originale de Florian Van der Reuden – combinée à des plans suggestifs évoquant l’éveil des désirs – laisse présager dès le début la tournure douce-amère que va prendre ce dîner. Alors que le malaise s’invite à la table, les protagonistes tentent tant bien que mal de formuler une réponse commune tout en faisant face à leurs propres expériences et responsabilités parentales. Une symphonie familiale particulièrement réussie s’appuyant sur une écriture confondante de réalisme.

La Mention spéciale pour la meilleure musique originale a été attribuée à Veikko Timonen pour Ilo P. Illerin Taikatemppu, un court métrage qui séduit par sa simplicité et sa sincérité. Le film n’a nul besoin d’explosions spectaculaires ou d’effets spéciaux éblouissants pour captiver son public. Au contraire, il puise sa magie dans les petits détails, les gestes simples et la capacité infinie de l’imagination à créer des univers à partir de rien. C’est une invitation à préserver son âme d’enfant et un hommage à la beauté de ces moments fugaces.

Récompensée par le Prix du meilleur film de fiction, Lisa Sallustio se démarque avec son film Assoiffé (photo de bandeau), une fable écologique sur les désastres de la privatisation de l’eau. Un sujet au cœur des problématiques géopolitiques contemporaines, qu’elle explore sous la forme d’une écriture théâtrale, sans dialogues, faite d’un humour implacable qui décortique un mécanisme social violent sous un prisme burlesque. Les chorégraphies acrobatiques et les nombreux effets spéciaux concourent à transgresser les codes du cinéma classique et ainsi à proposer une œuvre innovante et jouissive à la croisée des genres.

Pour la Mention du meilleur film de fiction, c’est La tentation du panda roux d’Haïga Jappain (photo ci-dessus) qui a été retenu, en abordant une réalité bien connue de nombreuses femmes : comment concilier un désir d’enfant alors que le temps presse ? C’est la problématique à laquelle est confrontée Anna, trente-cinq ans, lorsqu’elle apprend qu’elle présente les signes d’une ménopause précoce. Dans une course contre la montre, le film explore toute la gamme des émotions traversées par la protagoniste.

 

Dans un même élan, La vie au Canada, de Frédéric Rosset, aborde également la thématique du lien parental et du couple lesbien. Avec la même comédienne que La tentation du panda roux, Allison Chassagne, il expose dans un registre comique les défis qui viennent troubler la dynamique familiale.

Le prix consacré au meilleur film d’animation est revenu à Nun or Never !, un court métrage d’animation finlandais réalisé par Heta Jäälinoja (visuel ci-dessus), déjà récompensé au Festival du film d’animation d’Annecy 2023. Celui-ci évoque avec subtilité les désirs secrets de femmes qui, clandestinement, défient les règles établies. Dans le silence d’un couvent règne une harmonie parfaite parmi un groupe de nonnes, jusqu’à ce que l’une d’entre elles perturbe l’équilibre de la communauté. Sans recours aux dialogues, et accompagné d’une musique originale signée Herva Jukka, le film révèle, à travers une esthétique éthérée, une animation empreinte d’une grande poésie.

Honoré du Prix Maritima TV/Med in Doc et du Prix Matthieu Hoche du meilleur documentaire, Mum de Siddhant Sarin (photo ci-dessus) met en lumière l’invisibilisation des femmes dans le cadre domestique. Dans l’intimité de l’appartement familial, le film expose la monotonie des réalités quotidiennes de Sandra, une immigrée mexicaine à Lisbonne, qui élève seule ses deux enfants aux côtés d’un père absent. Une composition visuellement habile, à la frontière du split screen, souligne la distance grandissante au sein du couple en déclin. À travers une représentation satirique de la vie familiale conventionnelle, le documentaire nous pousse à questionner nos désirs personnels.

Enfin, le public a choisi Beurk !, un bijou d’animation réalisé par Loïc Espuche, qui explore la découverte des premiers émois. Ce film candide et astucieux est une comédie initiatique, racontée du point de vue d’un enfant. À la fois drôle et touchant, le récit parle à toutes les générations, même à ceux qui pensent que “les bisous sur la bouche, c’est dégoûtant !”.

Léa Drevon

À lire aussi :

- Le palmarès du MCM 2023.

- Nun or Never !, primé à Villeurbanne en 2023.