En salles 24/09/2025

Un premier long géorgien à voir en salles : Panopticon

En cette dernière semaine de septembre, il y a pléthore de sorties. Panopticon, de George Sikharulidze, n’est pas l’une des plus importantes en terme de nombre de salles, mais mérite le déplacement.

On ne voit finalement pas très souvent de films venus de Géorgie sur nos écrans, et le succès d’estime de Sous le ciel de Koutaïssi d’Alexandre Koberidze date déjà de 2022. Une bonne raison de plus pour découvrir Panopticon, projeté l’été dernier au Festival de La Rochelle et que Les Alchimistes distribuent au cinéma ce mercredi 24 septembre.

Le réalisateur George Sikharulidze, pour son premier long métrage, met en scène un jeune homme dans une période charnière de sa vie, à la veille d’entrer dans l’âge adulte. Nommé Sandro, celui-ci ne voit sa mère, partie à l’autre bout du monde, qu’à travers des appels sur Skype et encaisse le coup lorsqu’il apprend que son père entend entrer dans un monastère, le laissant ainsi bien seul après la mort de sa grand-mère, qui l’élevait comme elle pouvait…

Affectivement parlant, Sandro n’est pas très stable, dévisageant et suivant les femmes dans les bus ou dans la rue comme un Antoine Doinel du Caucase – l’ombre de Truffaut qui plane n’est nullement un fantasme de spectateur parisien, puisque le réalisateur inclut le début des 400 coups passant à la télé un soir. Et puis, Sandro est bientôt fasciné par le charme de la maturité de la mère – coiffeuse – de l’un de ses congénères de club de sport, cherchant vite à entrer dans son cercle intime, très maladroitement dans un premier temps. Quasiment de la citation directe du cycle de Doinel, donc…

Le fils de la coiffeuse étant un excité d’extrême-droite passant volontiers à l’action, la situation politique du pays constitue une toile de fond prégnante à cette chronique d’initiation – et d’éducation sentimentale – parfois assez âpre et dérangeante, le personnage principal n’étant a priori pas spécialement sympathique (il n’hésite pas, par exemple, à mettre des mains aux fesses d’inconnues croisées dans la rue, à total rebours des valeurs véhiculées depuis l’émergence de #MeToo…).

Mais le récit de Panopticon est mené non sans brio, le réalisateur validant ainsi avec bonheur son passage d’un format à l’autre, après quatre courts métrages s’étant enchaînés entre 2014 et 2019 : The Fish That Drown et Red Apples (photo ci-dessous), sélectionnés en compétition internationale à Clermont-Ferrand respectivement en 2015 et 2017, puis Mamuli et A New Year.

Sikharulidze avait aussi écrit le scénario d’un autre court, intitulé The Haircut, en 2015, indice d’une certaine constance thématique… On gardera donc désormais un œil avisé sur ce qui se passe, en matière de cinéma, du côté de Tbilissi.

Christophe Chauville

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- Sur une sortie DVD récente des Alchimistes : Toxic, de Saulė Bliuvaitė.

- Sur Brûle le feu, du réalisateur géorgien Akaki Popkhadze, sorti début 2025.