Un “premier film” venu du Nicaragua
Distribué ce mercredi en salles, La hija de todas las rabias – soit, littéralement, “La fille de toutes les rages” – est le premier long métrage issu du petit état latino-américain à être réalisé par une femme qui y est née. À savoir Laura Baumeister, déjà remarquée pour ses films courts.
Tamasa Distribution travaille surtout sur des rééditions patrimoniales, mais met en avant régulièrement de nouveaux talents du cinéma mondial à découvrir, comme tout récemment Suro, du Catalan Mikel Gorrea. La hija de todas las rabias a une origine plus exotique encore, puisque le film vient du Nicaragua et qu’il représente un petit événement, puisqu’il s’agit du premier long métrage de fiction réalisé par une femme native du pays. Et il est passé par plusieurs festivals importants, entre autres San Sebastian et Biarritz.
Sa réalisatrice, Laura Baumeister, n’est pas une inconnue à celles et ceux qui suivent le court, puisque le beau Ombligo de agua avait été présenté en compétition internationale au Festival de Clermont-Ferrand en 2019 (sous le nom complet de la cinéaste : Laura Baumeister de Montis), tandis qu’Isabel im Winter, coréalisé avec Teresa Kuhn et coproduit entre Allemagne et Mexique, faisait partie de la traditionnelle sélection proposée par le Festival de Morelia à la Semaine de la critique – c’était en 2016.
La hija de todas las rabias (photos de bandeau et ci-dessus) nous ouvre à une réalité inconnue de nous : la crise des déchets empoisonnant la vie de ce petit état latino-américain présent dans nos esprits surtout pour la révolution sandiniste des années 1980. Aujourd’hui, on en sait peu de choses, même si on se doute de la violence, la pauvreté et la corruption qui y règnent, ce que le récit confirme vite.
La jeune Maria vit avec sa mère, Lilibeth, à proximité d’une immense décharge à ciel ouvert et le duo à du mal à joindre les deux bouts, surtout lorsque la gamine nourrit mal les chiots d’une portée destinés à être vendus dans l’un des multiples trafics de l’économie parallèle dominante. Lilibeth doit arranger les choses et partir, laissant seule sa fille, qui ne la voit pas revenir et échoue dans un centre de recyclage employant des enfants.
La disparition de Lillibeth prend des atours fantastiques, habituels de la fiction latino, en matière de cinéma comme de littérature, et donne une dimension supplémentaire à al chronique sociale. La précarité du milieu dépeint, celui de Maria, contraste avec la bourgeoisie aisée de laquelle était issue l’héroïne d’Ombligo de agua (littéralement “noyau liquide”). Alina (photo ci-dessus), jeune fille de bonne famille et championne d’équitation, rêvait elle aussi d’une autre vie, se donnant à son moniteur et fumant du crack, tout en rêvant d’une vie plus simple, qui lui ferait cultiver des tomates plutôt que d’intégrer l’Université de Stanford. Avec Maria la “fille de toutes les rages”, deux faces d’une même pièce au bout du compte ?
À Paris-périphérie, La hija de todas las rabias est à voir cette semaine au Saint-André des Arts et au Méliès de Montreuil.
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