Nos années Pokémon : La récréation de juillet de Joseph Rozé et Pablo Cotten
À voir au cinéma cette semaine, ce premier long métrage distribué par Wayna Pitch fait suite à deux courts réalisés à quatre mains par le même duo de jeunes réalisateurs, déjà autour des thématiques éternelles de la jeunesse, de l’amour et de l’amitié.
La jeunesse et une petite bande qui se réunit, après quelques années de séparation, alors que ses membres, filles ou garçons, ne sont encore que des jeunes adultes et que peu de temps, finalement, s’est écoulé : voilà un motif autour duquel s’articulait déjà Jeunesse mon amour, de Léo Fontaine, sorti au mois de mai dernier. C’est également le cas de La récréation de juillet qui est tout comme le précédent distribué au cinéma par Wayna Pitch (à partir du 10 juillet). C’est que Léo Fontaine et le duo Joseph Rozé/Pablo Cotten appartiennent à la même génération – plutôt précoce, puisque Rozé a seulement vingt-trois ans et Cotten deux de plus.
À ce bel âge, ils semblent pourtant déjà nostalgiques, enracinant leur première fiction longue entre les murs du collège où Gaspard et ses amis s’étaient connus et avaient vu leur amitié se cristalliser. Ils y reviennent tandis que le jeune homme y est devenu prof (de musique) et que les lieux sont déserts, vidés après la fin des cours, à l’entrée dans les “grandes vacances”. Un rêve de gosse réalisé, dont on pardonnera du coup le peu de crédibilité, l’établissement se situant en plein Paris, ce qui n’est pas idéal pour passer inaperçu…
Comme la sœur jumelle de Gaspard, Louise, vient de disparaître dans un accident de la route en Amérique du Sud, ce trauma sert de révélateur au sein du groupe, où chacun a évolué sur sa propre voie, où les secrets ne peuvent plus être gardés encore très longtemps et où les reproches peuvent aisément fuser… Les ingrédients d’un récit presque programmatique – celui, canonique, du “film de potes” à la Sautet –, mais que la sincérité des jeunes réalisateurs finit par dépasser, comme dans Jeunesse mon amour. Il y a quelque chose de l’ordre du manifeste dans ces films, générationnel bien sûr, et représentatif d’une classe d’âge sacrément malmenée par l’époque, où le réflexe de faire semblant – d’aller bien, d’abord – est arrivé prématurément.
Le tandem de réalisateurs a mobilisé plusieurs jeunes interprètes déjà en vue dans leurs deux courts métrages précédents, A questo punto (2021, photo ci-dessus) et Quand on aime il faut partir (2022). Le premier relatait une histoire d’amour naissante foudroyée par un destin funeste, un jeune homme joué par Andranic Manet, le Gaspard du long métrage, tombant amoureux d’une inconnue rencontrée à une soirée et sur le point de repartir au Brésil, dès le lendemain, sans se douter évidemment que son avion s’abîmerait dans l’Atlantique.
Dans le second, un acteur débutant voyait la réalité et la fiction se brouiller sur un plateau de tournage, alors qu’il devait jouer une scène amoureuse avec sa jolie partenaire, dont il était tombé amoureux… Alassane Diong et Nina Zem (qui est bien la fille de qui l’on peut penser…) incarnaient ces personnages pleins de charme, avant de retrouver Rozé et Cotten pour leur Récréation de juillet.
Celui de 2024, de mois de juillet, est quelque peu famélique en termes de sorties de films français, l’arrivée des Jeux Olympiques ayant refroidi les ardeurs des distributeurs : raison de plus pour se laisser tenter par cette proposition fraîche et plutôt tonique, pour laquelle, il convient de le signaler, le chanteur Mika a pour la première fois autorisé l’utilisation de son tube Relax, Take it Easy, effectivement emblématique pour celles et ceux qui avaient quinze ans à la fin des années 2000.
À lire aussi :
- Du court au long : Jeunesse mon amour de Léo Fontaine.
- Partie de campagne, de Jean Renoir, en réédition en juillet 2024.