Jeunesse, mon amour : Léo Fontaine aborde le format long
Après plusieurs courts métrages remarqués, Léo Fontaine voit sortir son premier long, d’une durée d’une heure dix. L’une de ses thématiques de prédilection, le passage à l’âge adulte, est au cœur de ce film de copains, où reviennent plusieurs visages familiers de son cinéma.
L’année même de ses trente ans, le précoce et prolifique Léo Fontaine se retrouve doublement mis en lumière : après la présentation à Clermont-Ferrand de son nouveau court métrage, Qu’importe la distance, il voit son premier long, un film d’une durée d’une heure dix, sortir en salles cette semaine (distribué par le label nantais Wayna Pitch).
Intitulé Jeunesse, mon amour, le film perpétue les préoccupations du jeune auteur, qui s’étaient déjà exprimées au fil de plusieurs courts métrages. L’un pour l’autre (2017), Emma Forever (2019) et Les cœurs en chien (2021) mettaient en scène des adolescents lambda confrontés à leurs désirs et à leurs sentiments. Le deuxième était d’ailleurs initialement titré “Jeunesse, mon amour”, tandis que son titre actuel ne faisait que le compléter entre parenthèses. On retrouve plusieurs interprètes de ces courts dans le long arrivant à l’affiche, notamment Victor Bonnel, Manon Bresch et Yves-Batek Mendy.
Les protagonistes de ce “film de copains”, toutefois, ne sont plus tout à fait ados, mais censément jeunes adultes, se retrouvant le temps d’une après-midi d’été dans la maison de famille de l’un d’eux, en passe d’être vendue. Les souvenirs des années lycée, qui sont déjà loin, resurgissent et l’amour qui unit jadis Lila et Alban pourrait réaffleurer alors que celle-ci doit annoncer être enceinte de Matt, l’un des autres garçons de la bande…
Les passages obligés de ce sous-genre identifié ne sont pas escamotés, avec l’arrivée des reproches, l’explosion des jalousies, le jaillissement des regrets… Mais l’énergie des jeunes interprètes comme de la mise en scène, la justesse des dialogues et la sincérité globale de l’écriture permet à l’entreprise d’échapper à la convention de certaines productions s’inscrivant de façon récurrente dans de tels schémas et plombés par le fantasme du cinéma de Claude Sautet, en un mot.
La jeunesse portée en étendard est un atout pour ce tableau de coming of age et la force des sentiments – amoureux ou amicaux – emporte tout, même lorsqu’elle semble dévastatrice.
Manon Bresch, qui incarne Lila, apparaissait déjà dans l’un des rôles du quatuor des Cœurs en chien, tout comme Victor Bonnel, également au générique d’Emma Forever, dans lequel il campait un touchant amoureux transi, gambergeant au moment de déclarer sa flamme à l’une de ses congénères du lycée organisant une soirée de fin d’année chez elle. Le récit s’appuyait sur la drôlerie d’un trio de pieds nickelés plutôt roublards, quoique maladroits, tout en dérivant vers une illustration de la théorie de la catastrophe à l’occasion d’un contrôle policier.
Jeunesse, mon amour boucle sans doute un cycle, d’autant que Qu’importe la distance se déploie sur une tonalité narrative très différente, proche du documentaire, dans les pas d’une femme d’origine africaine partant rendre une première visite à son fils incarcéré en maison d’arrêt. Une manière de répondre à une fascination assumée envers le cinéma social de Loach ou des Dardenne, qui ouvrira peut-être une autre veine dans l’inspiration d’un jeune cinéaste aux qualités déjà bien affirmées.
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