Les femmes et les enfants d’abord : tout un programme !
C’est une sortie quelque peu atypique pour Malavida Films, qui a réuni 10 courts métrages de durées diverses, tous signés Pierre Dugowson. Beaucoup d’entre eux se répondent et des comédiens – et surtout des comédiennes ! – reviennent souvent dans cet univers volontiers caustique où l’on pourra s’immerger à partir du 7 mai.
Il n’est pas si fréquent qu’un programme monographique sorte au cinéma en tant que tel – celui qui fut consacré par Shellac à Benoit Forgeard, Réussir sa vie, date déjà de 2012 ! C’est donc une initiative assez inusuelle que vient de prendre Malavida Films, société de distribution plutôt spécialisée dans les cinématographies de l’Est et du Nord de l’Europe, mais qui fait régulièrement des incursions dans le cinéma français, surtout celui des outsiders, sinon des oubliés du paysage patrimonial.
Avec Les femmes et les enfants d’abord, c’est la filmographie du prolifique Pierre Dugowson qui est ainsi mise en exergue. Cet ancien élève de l’école Louis-Lumière, né en 1968, a de surcroît une particularité assez unique dans le sérail : il a débuté avec un long métrage – Ouvrez le chien, avec Clovis Cornillac en tête d’affiche, en 1997 – avant de se tourner vers le format court et d’accélérer la cadence durant la dernière décennie, avec une dizaine de films à son actif, quasiment tous placés sous le régime du moins de dix minutes (ce qui en fait un habitué de L’Extra Court, dispositif d’avant-séance proposé par L’Agence du court métrage).
Décider de “compiler” ces films courts, c’est d’abord mettre en avant un tropisme humoristique, qui fait ressortir le fond social, écologique, anti-capitaliste, de leurs arguments narratifs. Avec parfois une démonstration par l’absurde, comme dans la déjà célèbre Leçon de choses (2016, photo ci-dessous), où une femme – que l’on pense d’abord être une formatrice pour adultes en entreprise – inculque des vérités présumées sur la finance à une audience plutôt inattendue…
Nicole Ferroni, qui l’incarne, revient dans 2030 (réalisé en 2020…), en maîtresse d’école – cette fois, c’est sûr ! – plongée dans le contexte particulier d’un dérèglement climatique extrême, où les 48° de mise en novembre empêchent évidemment de faire classe de façon normale…
La comédienne n’est pas la seule à revenir souvent dans la filmographie de Dugowson : Ophélia Kolb, une autre des profs de 2030 (photo de bandeau), est aussi, entre autres, la mère tentant savoureusement de convaincre un petit garçon de ne pas faire exploser le gros ballon rouge que sa fille s’échine courageusement à gonfler dans Dinosaure (2017).
Et il y a aussi les présences récurrentes d’Émilie Caen, de Géraldine Martineau ou de Solène Rigot (et parfois ces incursions masculines, comme celle de Théo Cholbi), au détour d’un atelier expliquant comment piquer sans se faire prendre dans une supérette ou d’un ballet de séquences rythmées par des dialogues uniquement composés d’extraits de notices de médicaments (Jusqu’à écoulement des stocks, 2017) !
On aura compris que le regard ainsi porté sur le monde est tout sauf neutre, volontairement caustique et empreint de lucidité. Et le titre en forme de SOS du programme résonne avec les préoccupations constantes de ce réalisateur qui s’est, mine de rien, ménagé une place particulière dans le registre de la comédie engagée hexagonale.
Photos : © Malavida Films.
À lire aussi :
- Un autre programme de courts métrages distribué au cinéma par Malavida Films (en 2024) : Le conte des contes de Youri Norstein.
- Un autre court métrage interprété par Ophélia Kolb : Belle à croquer, d’Axel Courtière.