En salles 19/07/2021

Kevin Azaïs et Vincent Rottiers, frères d’arme

L’actualité cannoise des derniers jours a quelque peu éclipsé certaines sorties, notamment celle du premier long métrage de Sylvain Labrosse, qui fut remarqué dans le court dans les années 1990.

Parfois, le “passage” du court au long métrage prend du temps, beaucoup même, mais le jeu en vaut finalement la chandelle. Sylvain Labrosse avait connu deux jolis succès de festivals il y a deux décennies et plus – Virage Nord en 1995 et La fosse rouge en 2001. On ne sait pas exactement pourquoi son premier long a tardé ainsi, mais c’est en fidélité avec ses producteurs de La Vie est belle Films (Céline Maugis et Christophe Delsaux, qui a entretemps créé sa société, Oriflamme Films, coproductrice du film) que le réalisateur (qui avait aussi initialement travaillé dans le secteur de l’exploitation, aux Cinémas du Palais, à Créteil, puis à L’Escurial, à Paris) a mené à bien un premier long métrage, Frères d’arme.

La crise sanitaire a de plus décalé la sortie du film plusieurs fois, mais il est enfin visible depuis le 14 juillet et vaut le coup d’œil, axé autour d’une relation fraternelle complexe, qui relie comme chien et chat Emiljan et Stanko Matesic, d’origine serbe et vivant en France, dans une ville portuaire où tous les habitués du Festival européen du film court de Brest reconnaîtront cette ville ouverte aux quatre vents…

Un drame familial – découvert progressivement au fil de flashbacks — les a conduits là avec leur mère, Ana, et à l’heure de pouvoir enfin repartir vers leur terre natale, les deux frangins se déchirent, tandis que l’aîné est tombé amoureux d’une jolie Bretonne avec qui il entend, à trente ans, faire sa vie enfin en toute indépendance du clan. Son cadet, fébrile et assez incontrôlable, ne l’entend pas de cette oreille et une véritable intrigue de film noir, nerveux et jouant avec les mythologies, s’invite à l’intérieur de ces tensions familiales sortant ainsi des sentiers battus du jeune cinéma français.

Le point fort du film, outre l’écriture et le “décor” ambiant, réside dans le duo mis en scène, composé de ces deux demi-frères que sont dans la réalité Vincent Rottiers et Kevin Azaïs, qui n’avaient pas encore tourné ensemble jusque-là. Leur orageux face-à-face trouve un contrepoint autour de la belle figure féminine de Gabrielle, incarnée par Pauline Parigot (déjà appréciée dans Angèle à la casse, actuellement visible sur Brefcinema), qui aimante l’un et suscite les foudres de l’autre. Sec et concis (1h20 de durée), Frères d’arme devrait relancer l’activité de son auteur, ce serait objectivement mérité.

Christophe Chauville

À lire aussi :

Take Me Somewhere Nice, d’Ena Sendijarevic, autre premier long métrage sorti le 14 juillet.

- Une rencontre avec Olivier Bourbeillon, de Paris-Brest Productions, co-producteur de Frères d’arme.