1997 - 13 minutes
Belgique - Fiction
Production : Courage mon amour
synopsis
Au cœur d’une fête foraine, Rosita, une voyante déchue, et Raoul, son assistant dévoué, luttent pour maintenir une clientèle qui se fait de plus en plus rare. Harcelés par un percepteur sans pitié, ils vont se retrouver peu à peu totalement démunis. Leurs déboires les plongent dans un univers burlesque, dans lequel le rire succède aux petits malheurs.
biographie
Dominique Abel
Nés tous deux en 1957, Dominique Abel et Fiona Gordon travaillent ensemble depuis leur rencontre à Paris à l’école Jacques-Lecoq, au début des années 1980. Abel est originaire de Belgique et Gordon est canadienne, née en Australie.
Installés par la suite à Bruxelles, ils fondent ensemble la société de production Courage mon amour avec laquelle ils produisent, écrivent, mettent en scène et interprètent quatre spectacles burlesques, prenant pour modèles le comique clownesque et des acteurs tels que Buster Keaton, Laurel et Hardy ou encore Jacques Tati.
À partir de 1985, avec La danse des poules, ils se lancent dans des tournées à l’échelle internationale. Suit la réalisation de trois courts métrages, parmi lesquels Merci Cupidon en 1994 et Walking on the Wild Side en 2000, avant un passage au long métrage (en collaboration avec Bruno Romy) avec L’iceberg en 2005, bientôt suivi de Rumba en 2007 et de La fée en 2011.
Paris pieds nus, leur quatrième long, est sorti en France en mars 2017. Il s'agit du dernier film interprété par Emmanuelle Riva, à qui Pierre Richard donnait la réplique en même temps qu'au duo de réalisateurs-acteurs.
Au début de 2024, c'est L'étoile filante qui accède aux écrans français, six mois après sa présentation au Festival de Venise.
Fiona Gordon
Nés tous deux en 1957, Dominique Abel et Fiona Gordon travaillent ensemble depuis leur rencontre à Paris, à l’école Jacques-Lecoq, au début des années 1980. Abel est originaire de Belgique et Gordon est canadienne, née en Australie.
Installés par la suite à Bruxelles, ils fondent ensemble la société de production Courage mon amour avec laquelle ils produisent, écrivent, mettent en scène et interprètent quatre spectacles burlesques, prenant pour modèles le comique clownesque et des acteurs tels que Buster Keaton, Laurel et Hardy ou encore Jacques Tati.
À partir de 1985, avec La danse des poules, ils se lancent dans des tournées à l’échelle internationale. Suit la réalisation de trois courts métrages, parmi lesquels Merci Cupidon en 1994 et Walking on the Wild Side en 2000, avant un passage au long métrage (en collaboration avec Bruno Romy) avec L’iceberg en 2005, bientôt suivi de Rumba en 2007 et de La fée en 2011.
Paris pieds nus, leur quatrième long, est sorti en France en mars 2017. Il s'agit du dernier film interprété par Emmanuelle Riva, à qui Pierre Richard donnait la réplique en même temps qu'au duo de réalisateurs-acteurs.
Au début de 2024, c'est L'étoile filante qui accède aux écrans français, six mois après sa présentation au Festival de Venise.
Critique
Issus du cirque, formés par la pratique de la scène, installés en Belgique, Dominique Abel et Fiona Gordon réalisèrent Rosita en 1997, après le remarqué Merci Cupidon, un premier court métrage réalisé par leur collaborateur et complice de la première heure : Bruno Romy.
S’inscrivant dans la tradition du slapstick, genre de comique excessif qui lui-même venait de la scène, les deux réalisateurs n’ont jamais caché leurs influences, de Charlie Chaplin à Pierre Étaix. Comme Laurel et Hardy, ils ont créé à l’écran un couple de cinéma : Abel et Gordon.
Restauré par L’Agence du court métrage, Rosita annonce la couleur de ce qui deviendra la marque de fabrique du duo : un cinéma circassien quasi muet dont le scénario aux enjeux dramatiques en peau de chagrin repose sur une chorégraphie de la performance “gaguesque”, qui épouse dans un dérapage contrôlé à la fois toutes les variations du comique de l’excès (de l’outrance, de l’absurde, de la bêtise) et qui, en même temps, dessine, invente de toutes pièces une atmosphère pleine de lumière, un monde où se nichent charme, poésie et tendresse. Mélancolie noire de l’alcool en moins, Abel et Gordon partagent aussi beaucoup avec un cinéaste comme Aki Kaurismäki.
Dans une minuscule caravane d’une fête foraine, Raoul (Dominique Abel) et Rosita (Fiona Gordon) officient. Rosita est liseuse de bonne aventure, Raoul, son assistant à tout faire ou plutôt à tous “verres”, puisqu’il est censé remplacer la boule de cristal maintes fois brisée. Les affaires tournent au ralenti. Même soldé, le ticket d’entrée n’attire pas le chaland. Un percepteur, dans l’habit d’un mauvais facteur, ne manque pas de frapper à la petite porte pour presser les artistes de solder leurs dettes.
Dès le départ, le récit dévie de ses enjeux matériels. Dans les décors de la caravane, aux couleurs rétro pop, on assiste au spectacle de Rosita, liseuse d’aventures plus que de l’avenir. Les deux réalisateurs-clowns prennent soin d’interpréter avec une maîtrise magistrale du grotesque cette représentation grimée et, en même temps, ils ne manquent pas de se moquer de leurs propres personnages par le truchement récurrent de contre-champs (la mise en scène du regard des clients, une famille normale qui assiste au spectacle) et via la succession de plans derrière le rideau, où s’affaire Raoul qui, caché derrière un rideau, réalise les bruitages, donne vie la scène en s’occupant des sons et des lumières. D’emblée, tout prête ici à l’allégorie. De l’échec de la vie de forains qui dit les vicissitudes de la vie d’artiste, de l’explication des numéros de voyance qui évoquent les mécanismes cachés du septième art. Le cinéma d’Abel et Gordon est un cinéma qui tout en se déployant, se raconte et se consume lui-même dans l’énergie folle du jamais sérieux, dans l’épuisement du monde par le comique. Le décor quasi en huis clos de la fête foraine, plus précisément de la caravane, totalement artificiel, encore très marqué par la création théâtrale d’Abel et Gordon (Poison, 1994), donne à Rosita l’aspect d’un film en boîte, sorte de diorama ou de théâtre de poche, qui évolue à travers la succession de plans fixes, se subdivisant ou se multipliant lui-même.
Cet étrange jonglage visuel apparait là encore comme un pied de nez de la part du couple saltimbanques. Comme chez Buster Keaton, les personnages ne cessent de se relever de leur chute avec un sens aigu du comique de répétition ; ils n’ont jamais vraiment mal, ni ne connaissent de mauvais sentiments. Ainsi tourne la vie, constamment à la catastrophe, y compris le “happy ending deus ex machina” final.
Donald James
Réalisation et scénario : Dominique Abel et Fiona Gordon. Image : Claire Childéric. Montage : Anne-Laure Guegan. Son : Henri Morelle et Philippe Baudhuin. Musique originale : Jacques Luley. Interprétation : Fiona Gordon, Dominique Abel et Charles Martigue. Production : Courage mon amour.