
2020 - 16 minutes
France - Fiction
Production : Dewberries Films
synopsis
Beyrouth, 2019, en pleine révolution. Sur le retour d’une manifestation, une activiste libanaise et son ami franco-libanais sont arrêtés à un barrage tenu par deux miliciens armés qui ont un compte à régler avec la jeune femme.
biographie
Dahlia Nemlich
Réalisatrice franco-libanaise, Dahlia Nemlich a onbtenu un diplôme à l’ISCPA Paris, avant de passer trois ans à travailler en production chez TF1 avant de retourner dans son pays d’origine, le Liban, où elle est recrutée par Webedia Arabia comme réalisatrice de contenu et chef du département de production.
Également chanteuse et parolière accomplie, elle se produit sous le nom de DahliaOnTheRun. En 2020, elle réalise un premier court métrage de fiction, Roadblock, qui fait sa première au festival El Gouna, en Égypte, à l'automne, avant de voyager dans des festivals du monde entier.
Elle achève en 2023 son deuxième film court, Somewhere in Between, récompensé au Red Sea Film Festival, en Arabie Saoudite.
Dahlia Nemlich développe dans le même temps son premier long métrage, Assa, Like a Fish in a Bowl, sélectionné aux ateliers d'écriture de Less Is More, au sein du Groupe Ouest, en 2022.
Critique
Les vues documentaires du générique dévoilent la ville de Beyrouth aussi effervescente que contestataire. Les graffitis colorés jonchent la capitale en mouvement et les chants révolutionnaires constituent les bruissements d'un soulèvement à venir. En 2019, d’importantes manifestations poussent la population à battre le pavé.
C’est dans ce contexte impétueux que Farah (Pascale Seigneurie, également créditée au scénario) et son compagnon paradent dans les rues tandis que celle-ci lui dessine de la peinture sur le visage : deux bandes rouges représentent à la fois les couleurs du drapeau libanais et symbolisent le sang versé lors de l’indépendance. Une menace semble déjà planer sur le reste de la narration.
Dans l’habitacle de la voiture, ce que l’on imagine devenir un roadtrip à travers le pays va finalement s’avérer plus entravé et statique que prévu. Le récit alterne entre le couple et deux miliciens taciturnes et bourrus érigeant un barrage improvisé. Cette route barrée dessine une esthétique de la frontière que l’on impose. La thématique de la séparation semble d’ailleurs être un leitmotiv chez Dahlia Nemlich, notamment dans son court métrage Somewhere in Between (2023), où une plongée dans des souvenirs précède une disjonction. Ici, le cloisonnement est aussi formel : la barrière contraint l’espace. On pense au cinéma de Danielle Arbid (notamment Dans les champs de bataille, 2004), autre cinéaste d’origine libanaise montrant une jeunesse débordante de vie en ces lieux en lutte.
La rencontre entre les miliciens et les jeunes révolutionnaires se déroule alors dans une tension croissante. La voiture est à l’arrêt comme si l’entente était elle aussi au point mort. Dans cette séquence, une logique d’absence de rencontre ou de compromis s’installe. La réalisatrice organise une mise en scène de la scission. Tout n'est qu’incommunicabilité, à commencer par cette réalisation, tissée de champs/contrechamps, montrant des corps qui n’arrivent pas à partager le même cadre. Un carnet rouge semble être l’écrin de toutes les suspicions, mais il s’avère être plus prosaïque qu’indéchiffrable. Cet objet se trouverait en lien avec la féminité, elle aussi incomprise. Roadblock devient une charge politique en même temps qu’une parabole sur la société libanaise, empêtrée dans des injonctions rétrogrades et aveuglée par ses pouvoirs à la corruption violemment endémique.
William Le Personnic
Réalisation : Dahlia Nemlich. Scénario : Pascale Seigneurie. Image : Fatma Racha Shehadeh. Montage : Adam Jammal. Son : Nadim Maalouf. Musique originale : Zeid Hamdan. Interprétation : Julian Farhat, Ahmed Hammadi Chassin, Pascale Seigneurie et Mohamad Yassine. Production : Dewberries Films.