Extrait
Partager sur facebook Partager sur twitter

Les rosiers grimpants

Lucie Prost, Julien Marsa

2016 - 31 minutes

France - Fiction

Production : Folle Allure

synopsis

Après un avortement qui l’a déstabilisée, Rosalie retourne dans son village natal. Elle retrouve la maison et le jardin de sa grand-mère à l’abandon, la verve de ses meilleurs amis, son premier amour et rencontre la nouvelle copine de celui-ci. Elle tente de maintenir le cap non sans créer de remous.

Lucie Prost

Née en 1983 à Besançon (Doubs), Lucie Prost a grandi dans le Jura avant de gagner Paris pour étudier le théâtre, puis les sciences sociales à l’EHESS. Travaillant alors dans le milieu socio-culturel, elle écrit et coréalise en 2016, en compagnie de Julien Marsa, son premier court métrage : Les rosiers grimpants, produit par Folle Allure, diffusé sur Arte et projeté à Clermont-Ferrand, Pantin et Brive.

Après un passage au CEEA (Conservatoire européen d'écriture audiovisuelle) en 2016 – au sein du “grand atelier séries” –, Lucie Prost a travaillé depuis comme scénariste pour la télévision sur différents projets, dont une mini-série pour France 3 coproduite par Quad TV et TS Productions, dont l’action se situe dans le Haut-Jura.

Elle est lauréate de la résidence Émergence en 2018 autour de son projet de long métrage, nommé Les truites et qui est tourné dans la vallée de la Loue, aux environs d'Ornans en 2023, sous l'égide de Yukunkun Productions. Le film sort finalement sous le titre de Fario à l'automne 2024, après avoir été présenté à l'été au 77e Festival de Locarno.

Entretemps, elle a signé en 2021 un second court métrage, Va dans les bois, qui a lui aussi comme décor les montagnes du Haut-Jura. On l'aura vu en compétition nationale au Festival de Clermont-Ferrand, à Fenêtres sur courts à Dijon ou encore aux Rencontres Gindou Cinéma.

Julien Marsa

Julien Marsa est né le 20 mai 1985 à Reims. Avant de venir à la réalisation avec Les rosiers grimpants, coréalisé avec Lucie Prost en 2015, il est devenu critique de cinéma pour la revue en ligne Critikat et continue de travailler pour différents dispositifs d'éducation à l'image, notamment avec L'Agence du court métrage.

Il a aussi enseigné l'analyse de film au Conservatoire libre du cinéma français (CLCF) à Paris, ainsi qu'à la Faculté de Nanterre.

Critique

Il y a des choses dont on a du mal à parler, des sujets difficiles à aborder, parfois parce que ce n’est pas bien vu dans la société, parfois parce qu’on serait bien incapable de choisir les mots les plus appropriés. Dans Les rosiers grimpants, Lucie Prost et Julien Marsa décident de se servir des images pour raconter le mal être de leur personnage après un avortement. Le sujet tarde à être évoqué et se devine plus qu’il ne s’affirme, mais il est bien là.

Rosalie arrive seule dans le village où elle a grandi. Elle débarque à toute allure dans sa voiture rouge, chante fort – et faux – par-dessus la musique à fond, troublant ainsi le calme des vaches. Pourtant, ce n’est pas elle qui sera la plus intrusive. Elle qui – a priori – recherche la solitude, se laisse “envahir” par les autres protagonistes : ses amis d’enfance, mais aussi et surtout une nouvelle venue, fiancée à son ancien amoureux. Ils semblent arriver de nulle part, se collent à elle, la poussent dans le cadre. Ils ne la laissent pas en paix. Les plans sont souvent larges, laissant place à beaucoup de possibilité et peu d’intimité. Mais finalement, plus que la supposée tranquillité de la campagne, n’est-ce pas ce que Rosalie est venue chercher ? La complicité de Paul, Étienne, Charlotte, leur chaleur et leur cohue, le souvenir de l’enfance. Tout le monde possède un franc parler et une liberté qui facilitent la discussion. C’est dans un cadre aussi rassurant qu’elle peut exprimer son angoisse, installée profondément en elle depuis ce qu’elle appelle “la chirurgie”. C’est là aussi qu’elle peut la réduire, la perdre au milieu des histoires de cœur et des doutes des autres, dans le tourbillon d’une nuit de fête votive. Ce film nous montre qu’il n’y a pas toujours lieu d’être pesant pour traiter de sujets graves. Sous les clichés d’ennui et de repos campagnard, l’insouciance apparaît et peut guérir nos maux. On ne trouve pas toujours ce qu’on cherchait de la manière à laquelle on pensait. Rosalie ne sortira sans doute pas de ses vacances complètement sereine, mais au moins avec l’assurance que certaines choses n’ont pas bougé. Son corps et son esprit ont été tourmentés, l’avortement l’a fortement perturbée, mais elle n’a pas changé, ses amis l’aiment toujours et la vie continue.

Anne-Capucine Blot

Réalisation : Lucie Prost et Julien Marsa. Scénario : Lucie Prost. Image : Jean-Christophe Beauvallet. Montage : Lila Desiles. Son : Bienjamin Le Calvé, Juliette Bouilloux-Heintz et Xavier Thieulin. Musique originale : Marc-Antoine Perrio. Interprétation : Florence Janas, Côme Thieulin, Claire Rappin, Juliette Chaigneau, Vincent Dedienne et Aïtor Sanz Juanes. Production : Folle Allure.

À retrouver dans

Focus sur...