Extrait
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Le départ

Saïd Hamich Benlarbi

2020 - 25 minutes

France, Maroc - Fiction

Production : Barney Production et Mont Fleuri Production

synopsis

Maroc, 2004. Cet été-là, Adil, onze ans, passe ses journées à jouer avec sa bande de copains et à attendre les derniers Jeux Olympiques de son idole, le coureur Hicham El Guerrouj. L’arrivée de son père et de son grand frère, venus de France pour quelques jours, va le marquer à jamais.

Saïd Hamich Benlarbi

Saïd Hamich Benlarbi est né en 1986 à Fès au Maroc. Il est diplômé du département production de la Fémis et lauréat de la bourse Producteur cinéma de la Fondation Lagardère.

Il a été producteur exécutif de plusieurs films, dont Hope (2014) de Boris Lojkine, Ni le ciel ni la terre (2015) de Clément Cogitore, Sofia (2018) de Meryem Benm’Barek ou Des hommes (2020) de Lucas Belvaux. Il a produit une trentaine de courts métrages et plusieurs longs métrages dont Much Loved (2015) de Nabil Ayouch en coproduction, Vent du Nord (2017) de Walid Mattar, ou Volubilis (2017) de Faouzi Bensaïdi.

Son premier long métrage en tant que réalisateur, Retour à Bollène, nommé au Prix Louis-Delluc du premier film, est sorti en salles en 2018.

En 2019, Saïd Hamich Benlarbi réalise un court métrage, Le départ. Le film est présenté dans de nombreux festivals et reçoit notamment, en 2020, le Prix de la mise en scène et le Prix de la meilleure photographie au FIFF, à Namur, ainsi que, l'année suivante, le Grand prix du Festival du film court en plein air de Grenoble.

Toujours très actif en tant que producteur au sein de Barney Production en 2022-2023 (Le marchand de sable de Steve achiepo, Les meutes de Kamel Lazraq, Déserts de Faouzi Bensaïdi, Les Harkis de Philippe Faucon…), Saïd Hamich Benlarbi voit en 2024 son nouveau long métrage, La mer au loin, sélectionné en séance spéciale à la Semaine de la critique. Il s'agit là d'une coproduction entre France, Maroc, Belgique et Quatar.

Critique

Les plans sont simples et beaux. Une mère et son fils, en bord de mer, un ciel gris, un vent puissant.

Saïd Hamich raconte avec concision un attachement très fort, universel. La mère prend son fils dans ses bras, mais l’image est vivement coupée par un plan de mer où s’affiche le titre : Le départ. Dans ce plan, suivi de cette coupe, réside le ton du film. Autrement dit une émotion extrêmement vive peut très vite saisir le spectateur, sans que cela ne s’apparente à du pathos, à quelque chose de trop facile, qui va durer et se complaire. 

Dans ce film, très découpé, Saïd Hamich fabrique de la mélancolie. Autrement dit, l’ensemble des souvenirs d’un été 2004 vécus par Adil, l’enfant du film, resteront gravés en lui à jamais après son départ pour la France où il va désormais vivre avec son père et son frère. Séparé de sa mère, de ses potes, de son Maroc natal. 

Tous ces jeux partagés avec ses copains du matin au soir, l’admiration portée à Hicham El Guerrouj, ce légendaire athlète marocain médaillé d’or aux J.O. d’Athènes, ce soleil qui file à travers les arbres, cet abandon éphémère en flottant dans l’eau d’une piscine tout en regardant le ciel nuageux, les derniers instants passés cet été-là avec ses proches, sa mère : chacune de ces sensations captées par la caméra attentive de Marine Atlan, soutenues par la musique du jeune pianiste brésilien Vitor Araújo, infusera la personnalité d’Adil jusqu’à la fin de sa vie. 

Rien ne sera plus comme avant. Ce départ marquera une césure intime marquante. Saïd Hamich filme la dureté de cette séparation avec une grande douceur, à hauteur de gamin. Nous suivons le point de vue intérieur d’Adil, hormis lors d’une brève séquence au cours de laquelle la mère, d’une dignité incroyable, officialise le départ imminent de son fils (“Je cède entièrement à mon ex-mari tous les droits parentaux relatifs à la garde de mon enfant.”), nous rappelant que Le départ est aussi son histoire à elle. Et la douleur partagée. 

Producteur depuis plusieurs années (au sein de Barney Productions), Saïd Hamich Benlarbi est devenu cinéaste, qui a su transformer le politique en une affaire sensible et poétique. Dans son long métrage Retour à Bollène (sorti en salles en 2018), qui suivait le délicat retour d’un jeune homme dans la ville où il avait grandi, il transformait une matière autobiographique en un film très personnel, tout comme ce Départ au titre ambigu, figurant la fin et le début d’un cycle. 

Bernard Payen  

­Réalisation et scénario : Saïd Hamich Benlarbi. Image : Marine Atlan. Montage : Xavier Sirven. Son : Hugo Deguillard, Margot Testemale, Fanny Weinzaepflen. Interprétation : Ayman Rachdane, Fatima Attif, Youness El Khalfaoui, Ayman El Khalfaoui, Abderrazak El Hansaly, Jassim Lotfi, Abdelmajid Khadiri, Sami Fekkak et Élodie Ernon. Production : Barney Production et Mont Fleuri Production.

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