Extrait
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La flûte enchantée

J-1

Geordy Couturiau

2021 - 27 minutes

France - Fiction

Production : Miles Cinéma

synopsis

Alors qu’il est accablé par ses dettes et sa mère mourante, Arnaud rencontre Momo, un magicien de son quartier au comportement singulier et malicieux. Cette rencontre ne conjurera pas le mauvais sort, bien au contraire... Mais la découverte d’une vieille flûte ne pourrait-elle pas être la solution à tous leurs problèmes et changer leur destin ?

Geordy Couturiau

Né le 12 janvier 1989 en Belgique, Geordy Couturiau commence une carrière de comédien à l'âge de 10 ans. Il apparaît dans plusieurs téléfilms notamment dans la mini-série Les Thibault. Au cinéma, il joue notamment dans Le couperet de Costa-Gavras (2005) et La différence, c'est que c'est pas pareil de Pascal Laëthier (2009).

Il vit et travaille désormais à Paris et son premier court métrage en tant que réalisateur, Lucienne mange une auto, a été couronné de nombreux prix au long de l'année 2019.

En 2020, il retrouve le personnage de Lucienne et sa comédienne Stéphane Caillard avec Lucienne dans un monde sans solitude, tourné en Bretagne. Il enchaîne avec un troisième court dès l'année suivante : La flûte enchantée, toujours produit par Miles Cinéma. 

Le printemps 2023 le voit signer un film publicitaire pour la marque de prêt-à-porter masculin Jules.

Critique

Une mère aux portes du paradis et des dettes à vau-l’eau, c’est une perspective bien tragique et une longue symphonie d’efforts vains que semble amorcer cette ouverture silencieuse, mais dont nous n’entendrons pourtant pas la moindre note. Caméra souple et même un peu romantique, tons chaleureux d’une après-midi d’août : une virée rafraîchissante des plus inattendues sur fond d’embrouille de quartier déroule sa trame sous le signe de la fantaisie et de l’indulgence. 

Le duo est bien assorti et attachant dès les premières secondes. De la nervosité et du bagout d’un Arnaud (Esdras Registe) combatif et de la folie nonchalante d’un Momo amoureux, un peu loufoque et déconnecté, naît une solidarité intuitive. Des mots choisis au compte-goutte, beaucoup de questions, peu de réponses, mais une simplicité qui nous touche dans ce road-movie improvisé. 

Momo est intriguant tout au long du film en ce qu’il se rend insaisissable et alimente avec humour la frontière entre illusion et surnaturel (on pense notamment à l’apparition burlesque de Bernard lapin et ses clés d’appartement). Son interprète Guillaume Dietrich, alias Muddy Monk, a ce petit quelque chose de Louis Garrel dans l’œil et la chevelure, et convoque à chacune de ses interventions une vraie délicatesse. Que sait-on vraiment de lui hormis son faible pour Sarah et son don pour multiplier les Caprisun ? Il est l’homme qui tombe à pic, la force tranquille du rêveur, l’élu qui apprivoise par sa seule présence l’objet de toutes les convoitises, une vieille flûte tombée du ciel. Un petit air dissonant et tout être vivant se fige : tour de passe-passe ou sorcellerie, on se fiche de le savoir, et c’est de cette incertitude que le spectateur se délecte. N’importent que ces scènes délicieuses où les compères s’improvisent maîtres du temps, dont on aurait même souhaité jouir davantage. 

Mais au-delà de son potentiel comique, ce court voyage initiatique en quête de gloire et d’évasion, est avant tout guidé par l’ambition malhabile d’une séduction matérialiste, où bien des soupirants s’égarent. Son dénouement sévère laisse un sentiment d’étrangeté : beaucoup de déception et un vrai pincement au cœur, comme une réalité qui frappe dans la douceur de l’aube. Bien impuissante face aux peines de cœur, cette flûte enchantée n’a plus rien de celle de Mozart. Dans cette petite voiture, c’est le temps qui se fige pour nos deux compagnons d’infortune restés côte à côte face à leur propre solitude. Le début d’un renoncement ou bien l’annonce fantasque d’un renouveau ? Compagnons des mauvais jours, on vous souhaite une belle vie. 

Marie Labalette 

Réalisation et scénario : Geordy Couturiau. Image : César Decharme. Montage : Geordy Couturiau et Quentin Jourde d'Arzac. Son : Tristan Soreau et Olivier Goinard. Musique originale : Martial Foe. Interprétation : Esdras Registe, Guillaume Dietrich, Stéphanie de Briot Léal, Geordy Monfils, Alexandre Lauvergne et Jamal Elgharbi. Production : Miles Cinéma.

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