Extrait

Juillet 96

Michèle Jacob

2020 - 25 minutes

Belgique - Fiction

Production : Velvet Films

synopsis

Juillet 1996, la plage, la mer et le soleil. Sophie, 10 ans, passe ses vacances d’été avec sa mère et sa cousine Laurence. Mais Laurence a grandi et sa mère a la tête ailleurs. Alors que tout le pays est toujours à la recherche de deux petites filles disparues, Sophie va découvrir que ce sera son dernier été d’enfant.

Michèle Jacob

Diplômée en réalisation de l'IAD (Institut des Arts de Diffusion), Michèle Jacob a passé une dizaine d'années à travailler comme assistante réalisatrice et à réaliser des clips musicaux, des publicités, des films web et des dessins animés.

Cette solide expérience technique lui a servi de base pour se concentrer sur ses projets de fiction personnels et son premier court métrage, Juillet 96, achevé en 2020, a été présenté dans de nombreux festivals internationaux. Il remporte le Prix du scénario au Festival Le Court en dit long en 2021.

En 2023, elle signe son premier long métrage, Les enfants perdus, dsitribué en Belgique à la fin de 2024 après avoir été sélectionné notamment à Saõ Paulo et Karlovy-Vary.

Critique

Film estival, Juillet 96 s’accroche aux yeux incrédules de Sophie, enfant mutique et solitaire d’une dizaine d’années. Dans la chronique de grandes vacances qu’elle partage tristement, en fille unique, avec sa mère, en l’absence d’un père pris par son travail, les minuscules sensations de la belle saison prennent le pas sur l’ennui quotidien. Le bruit des vagues, le froid de l’eau de mer sur les orteils, le soleil aveuglant éclatent entre deux scènes d’intérieur baignées d’une lumière chaude. Dans ce cocon où rien n’arrive plane pourtant une double menace : celle de l’éventualité de la séparation des parents, qui ne passent pas l’été ensemble pour la première fois. Celle d’un croquemitaine dont parle le journal télévisé et qui cacherait deux petites filles disparue à Liège. Cette torpeur tendre et monotone est brisée par l’arrivée de Laurence, version adolescente et délurée de sa jeune cousine. Le passage des années a éloigné celles qui partageaient les mêmes goûts, même si les deux filles cultivent encore leur gémellité en se tressant la même petite mèche de cheveux blonds. Laurence embarque Sophie dans un apprentissage accéléré fait de transgressions et l’entraîne avec la bande de garçons de son âge, débordant d’une masculinité portée sur les mauvaises blagues au bord du harcèlement.

Juillet 96 apporte aussi sa nostalgie d’une époque révolue, dont les signaux clignotent comme autant de bouchées de madeleines. Le système Odorama qui se décolle d’un magazine, le walkman que Laurence emmène dans la plage avec lequel elle fait découvrir des bribes de Nirvana à sa petite cousine, l’oreille collée à l’extérieur du casque, les patins à roulettes. Mais c’est aussi la référence tragique d’une époque au pédo-criminel Marc Dutroux, recherché après la disparition de deux petites filles et qui fut retrouvé et poussé aux aveux cet été-là, qui concentre la peur ultime au milieu de toutes les frayeurs qui agitent la fillette. Ainsi se répondent en écho dans ce petit microcosme de plage des figures masculines et féminines qui s’affrontent : les disparues et le kidnappeur ; la mère et son mari au bord de la séparation ; Laurence et son amour de vacances, qui la laisse ivre morte dans la lande ; Sophie et la silhouette des bois, qui matérialise les peurs qu’elle repoussait depuis le début de l’été et qu’elle est prête à affronter.

Raphaëlle Pireyre

Réalisation et scénario : Michèle Jacob. Image : Nastasja Saerens. Montage : Christophe Evrard. Son : David Ferral et Luis Trinques. Interprétation : Mahaut Bodson, Liocha Mirzabekiantz et Orlando Vauthier. Production : Velvet Films.

À retrouver dans

Sélections du moment