Extrait
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It’s Alright

Jorūnė Greičiūtė

2020 - 17 minutes

Lituanie - Fiction

Production : Lithuanian Music and Theatre Academy

synopsis

Deux personnes d’âge mûr ont rendez-vous dans un endroit secret au bord d’une rivière. 

Jorūnė Greičiūtė

Née à Vilnius en 1991, Jorūnė Greičiūtė y a étudié la philosophie à l'université entre 2009 et 2014, avant de réaliser plusieurs courts métrages et vidéo clips.

En 2020, elle a signé Viskas geraiIt's Alright dans son titre international – qui a été montré dans de nombreux festivals à travers le monde. Une nouvelle histoire de couple, The Trip, a suivi en 2022, 

Jorūnė Greičiūtė a aussi travaillé comme scripte, comme assistante réalisatrice et comme costumière.

Critique

Un ensemble HLM dont l’architecture évoque directement les grands blocs de béton staliniens et, dans le même mouvement, le passé soviétique du pays. Celui de l’enfance de l’héroïne, aussi, que l’on aperçoit en plongée, frêle silhouette se pressant, à travers un passage en arche baigné de soleil. L’été règne sur ce quartier d’une ville lituanienne – Vilnius, sans doute – et l’on peut encore croire, avec la distance, que c’est une toute jeune fille qui se rend, apprêtée dans une robe légère et changeant prestement de chaussures, à un rendez-vous. En effet, notre regard est, dans l’enchaînement de séquences, embarqué dans une voiture sur une route champêtre, depuis le siège arrière, observant la femme sur le siège passager d’un conducteur. Et comme on le découvre, tous deux ont dépassé l’âge de la maturité, au-delà de la cinquantaine, se remémorant certaines activités sportives qui pourraient correspondre à leurs années au sein des rangs des “pionniers”, du temps de l’URSS.

Mais le thème exploré par It’s Alright ne se situe pas sur ce terrain-là. Il s’agit d’abord d’une après-midi buissonnière, avec en sous-texte de vifs espoirs galants, sinon l’aboutissement programmé d’un acte charnel. Et une drôlerie s’immisce vite dans le rapport entre les deux personnages : l’homme a des intentions qu’il dissimule maladroitement et lorsqu’il entreprend de délacer la sandale à talon de celle qu’il convoite afin qu’elle soit plus à l’aise pour jouer au badminton, sa main s’attarde sur sa cheville et remonte le long de sa jambe, en un plan évoquant directement Le genou de Claire d’Éric Rohmer. Ici, point de lac d’Annecy, mais une rivière de la campagne lituanienne, où il est difficile de trouver un coin tranquille à l’écart, au grand dam du prétendant, qui insiste – lourdement – à prétexter que l’endroit ne plaît pas à son invitée…

Celle-ci se prénomme Monika et ce n’est évidemment pas un hasard pour la grande cinéphile qu’est visiblement la réalisatrice Jorūnė Greičiūtė. Cette Monika-là n’a plus l’âge de celle de Bergman, qui se démarquait par la force de son désir, sous le soleil estival radieux de la Baltique. De fait, elle semble hésiter, affirmant au téléphone à sa mère la possibilité de découcher – le terme est direct –, avant de vite se raviser… Ce type, Juozas, lui plaît-il tant que ça au final ? Pas vraiment, et les aléas faisant échouer toute concrétisation de ce “date” en pleine nature, vraie partie de campagne contemporaine, pour convoquer cette fois l’ambiance renoirienne de cette parenthèse en pleine verdure, sonnent plutôt comme un soulagement pour cette femme dans l’embarras. Elle repart avec la fille de Juozas, venue lui donner un coup de main après une panne de voiture dont il n’aura pas profité. Le fiasco n’est pas le même pour tout le monde, et l’on en sourit…

On ignore par ailleurs si un enjeu similaire concerne en Lituanie la présence à l’écran des femmes de cinquante ans et plus, une question désormais, et bien légitimement, posée chez nous, mais c’est en tout cas une belle réponse qu’apportent la réalisatrice et son interprète Viktorija Kuodytė, née en 1970 et grande figure du paysage théâtral du petit état balte.

Christophe Chauville

En partenariat avec 

Réalisation et scénario : Jorūnė Greičiūtė Image : Zbigniev Bartoševič. Montage : Jorūnė Greičiūtė et Zbigniev Bartoševič. Son : Rūta Girnytė. Interprétation : Viktorija Kuodytė, Rytis Saladžius et Alvydė Pikturnaitė. Production : Lithuanian Music and Theatre Academy.

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