
2015 - 24 minutes
France - Fiction
Production : Ecce Films
synopsis
Maxime, peintre varois ultra-romantique, voit sa femme le délaisser pour son nouvel amant. Alors qu’il ne pense qu’à elle, sa première exposition approche à grands pas.
biographie
Emmanuel Laskar
Franco-suisse, Emmanuel Yona Laskar est né en 1976 et a grandi en France et aux États-Unis. Titulaire d’un Master en études théâtrales de la Sorbonne, il fréquente entre 1998 et 2001 l’école supérieure d’Art dramatique de Paris, avant d’intégrer le Pavillon Neuflize OBC, Laboratoire de création du Palais de Tokyo. Entre temps, il aura joué sur scène L’échange de Paul Claudel au Théâtre du Rond-point, puis I Love You (One Man Show), sous la direction de Jean-Luc Vincent, avec qui il intègre la troupe des Chiens de Navarre fondée par Jean-Christophe Meurisse. Il participe à plusieurs de ses spectacles collectifs, notamment Une raclette et Nous avons les machines.
En 2015, il signe son premier court métrage professionnel, Calme ta joie, qui est présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs. Il y est entouré de deux de ses complices des “Chiens” : Maxence Tual et Jean-Luc Vincent. Le film aura été sélectionné aux quatre coins du monde, au Québec, en Corée du Sud, au Canada, au Cambodge et en Croatie.
Neuf ans après, Le médium, qu'il a écrit, réalisé et interprété, est distribué dans les salles de l'Hexagone. Louise Bourgoin et Noémie Lvovsky, entre autres, y sont ses partenaires.
Critique
Plus contemplatif que la comédie boulevardière qui s'est jouée précédemment en décor naturel, le générique de fin de Calme ta joie serpente sur une route forestière de Provence. Au volant, Maxime (Maxence Tual) improvise à pleine voix un chant à partir du nom de sa destination, Collobrières, bourgade dans laquelle il va emménager suite à son divorce. Ce nom était déjà au cœur de la première séquence, crié lors de la conversation téléphonique empêchée par une connexion défaillante. Emmanuel Laskar se plaît à orchestrer ce type de changements de tons, alternant séquences comiques et dramatiques. C’est que, comme Il est des nôtres de Jean-Christophe Meurisse récemment, Calme ta joie est une émanation de la compagnie des Chiens de Navarre, dont sont issus son réalisateur et ses comédiens. En résulte une application extrême à mettre en scène et en espace, cigales comprises, les dialogues de cette comédie amère sur le couple et la création. Plus que pour son sens, le mot vaut pour la façon dont les acteurs se l’approprient. Crié avant que d’être chantonné, le nom de Collobrières donne à comprendre le trajet accompli par Maxime, peintre trentenaire à la croisée des chemins, tant sentimentalement (il peine à quitter son atelier attenant au domicile conjugal que Suzanne occupe désormais avec un autre) que professionnellement (il ne parvient pas à vivre de son art).
Autour d’un jeu de circulation malaisé entre ces deux monnaies d’échange que sont les sentiments et l’argent, chaque membre du trio occupe une place inconfortable. Jusqu’à ce que l’équilibre précaire éclate lorsque le nouveau compagnon (joué par Emmanuel Laskar lui-même) achète le portrait que Maxime a peint de Suzanne pour le lui offrir. L'amour, disait Lacan, “c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”.
Raphaëlle Pireyre
Article paru dans Bref n°116, 2015.
Réalisation et scénario : Emmanuel Laskar. Image : Raphaël Vandenbussche. Montage : Anna Riche, Emmanuel Laskar et Jenny Teng. Son : Elisha Albert. Musique originale : Ensemble Coloratura, Thomas de Pourquery, Edward Perraud et Pascal Sangla. Interprétation : Maxence Tual, Anne Steffens, Jean-Luc Vincent et Emmanuel Laskar. Production : Ecce Films.