News 08/02/2018

Bilan du CNC : la bonne santé du court métrage français

Alors que le 40e Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand bat son plein, le CNC dévoile son bilan sur la production du court métrage hexagonal qui, selon les chiffres avancés, se porte de mieux en mieux (étude sur l’année 2016).

Pour mémoire, en 2016, le CNC avait entamé la réforme de ce secteur pour favoriser une plus grande diversité (en augmentant l’aide au programme de production), améliorer l’accompagnement des talents émergents, notamment vers le long métrage, et renforcer la diffusion du court métrage, en particulier avec l’Agence du court métrage qui a révolutionné son offre d’avant-programme, L’Extra Court.

Selon cette étude, la réforme commence à porter ses fruits. On constate une augmentation du nombre des films portés par les aides au programme de production : plus de 200 (avant et après réalisation), soit près la moitié des films ayant obtenu un visa d’exploitation. C’est au total 13 millions d'euros d’aides à la production versés par le CNC en 2017, un montant stable par rapport aux années précédentes.

             
             Le gouffre de Vincent Le Port                                                          Le repas dominical de Céline Devaux

Si les fictions représentent 70 % de la production française aidée par le CNC, l’animation est en forte progression depuis deux ans, passant de 10 % à 17 %. Les documentaires de création, eux, stagnent à 13 %.

Depuis 2009, la diffusion en salles connaît une forte croissance : 2 700 courts métrages exploités en 2016, soit + de 70 %. Les courts métrages sont de plus en plus inédits (un peu moins de la moitié de l’offre) et les programmes de courts de plus en plus prisés. Ainsi, en 2016, le court métrage a fait 3,5 millions d’entrées (2,7 millions pour les programmes et 0,7 million pour les avant-programmes, résultat en net recul). L’Agence du court métrage, avec son Extra Court constitue donc une force vive pour redynamiser l’offre d’avant-programme.

À l’étranger, les données collectées par Unifrance montrent un chiffre d’affaires en hausse : 563 000 euros (+ 9 % par rapport à 2015) sur un territoire européen à 42%. Le Japon est le premier pays importateur de courts métrages français, en termes de chiffres d’affaires.

Petite nouveauté, le CNC est parvenu à collecter les données de la diffusion à la télé. 2 400 heures de programmes ont été dédiées aux courts et ce sont OCS et Arte les meilleurs de la classe avec 228 courts diffusés sur le premier et 210 courts sur la chaîne franco-allemande. Une inconnue demeure cependant concernant la diffusion sur les plate-formes numériques due à la difficulté de recueillir les données ; mais l’on constate tout de même un renforcement des offres jeunesse.


              Body de Léonor Seraille              Sur la route du paradis d'Houda Benyamina                    Junior de Julia Ducournau

Un mot sur le passage du court au long – que nous mettons en avant régulièrement sur Brefcinema – et qui suscite l’attention bienveillante du CNC. Plus de la moitié des réalisateurs de premier long métrage ont signé un court : Léonor Séraille, Xavier Legrand (photo d'ouverture : Avant que de tout perdre), Houda Benyamina, Julia Ducournau pour ne citer qu’eux. Contrairement à ce que cette liste laisserait penser, 68 % sont des réalisateurs ; mais, dans le court, la proportion de réalisatrices est bien plus élevée que dans le long métrage ! Le CNC a mis en place une passerelle entre ces deux formats reposant sur l’accompagnement en phase d’écriture, notamment en résidence d’auteur (celle de SoFilm par exemple liée aux films de genre ou le dispositif Talent en cours).

En 2018, le CNC souhaite continuer sur sa lancée en mettant l’accent sur la diffusion. Les pistes de travail ne manquent pas : réformer les aides de l’Art et Essai, accompagner le dispositif Extra Court de l’Agence du court métrage et renforcer l’aide à la distribution. 

Le rendez-vous est pris.

Sylvie Delpech

Lire l'étude du CNC sur le marché du court métrage en 2016, ici.