DVD 08/09/2017

Blandine, Aurore, Zouzou et autres filles d’exception

Incontournable figure du court métrage français depuis la fin des années 1990, Blandine Lenoir se fait une place spéciale dans le paysage avec son deuxième long métrage, disponible en DVD cette semaine. Nous l’avons brièvement rencontrée.

Après, entre autres, L’Amérique de la femme et Zouzou, vous brossez à travers Aurore un nouveau portrait de femme se défiant franchement de tous les stéréotypes : revendiquez-vous cette inspiration féministe dans votre cinéma ou ce qualificatif souvent avancé finit-il par être réducteur ?

Si au cinéma les femmes sont représentées n’importe comment, ce n’est qu’à cause des réalisateurs et des auteurs ! Je fais comme mes camarades masculins qui filment essentiellement des hommes, en tant que femme, je me sens dans mon élément pour filmer des femmes. Apparemment, ma vision des femmes n’est pas la même que celle de certains réalisateurs… Si c’est féministe de donner aux femmes de vrais rôles, avec des personnalités fortes et des émotions riches, alors oui bien sûr, je revendique cet adjectif avec joie !

On retrouve dans le film, parfois pour de simples apparitions, des figures familières de votre cinéma, mais c’est en revanche la première fois que vous dirigez Agnès Jaoui. Pourquoi ce choix ?

Les comédien(ne)s avec qui je travaille depuis des années me sont essentiel(le)s. Pour beaucoup de raisons, mais avant tout pour leurs talents et la confiance formidable qui circule entre nous tous et qui est très inspirante dans le travail. Après, un film comme Aurore ne pouvait se monter sans un “nom”, alors Agnès Jaoui est là, elle tient le film, mais le film n’aurait pas existé non plus sans tous les autres rôles auxquels je tiens beaucoup et qui ont été écrits sur mesure pour ces acteurs et actrices qui font partie de mon cinéma.

Les bonus de ce DVD sont particulièrement riches, avec trois courts métrages, et même un quatrième pour l’édition Blu-ray. Sur quelles bases s’est effectuée cette sélection ?

Je ne sais pas, il fallait en choisir parmi tous ! Ils sont comme mes enfants, je les aime tous autant que les autres !

Avec Pour de vrai, vous collaboriez avec Bertrand Belin, qui a aussi composé la musique originale d’Aurore, comment caractériseriez-vous ce travail en commun ?

Bertrand a signé la musique de tous mes films, sans exception, soit une quinzaine de collaboration. Il est comme mon co-scénariste musical. Il est une deuxième voix, il donne une autre dimension à mes images, celle qui manque. Je n’envisage pas de travailler sans lui, et je connais notre chance de nous entendre aussi bien. Bertrand et ma monteuse, Stéphanie Araud, sont les deux personnes indispensables à mon travail.

Ma culotte et L’Amérique de la femme abordent sans fard des motifs liés à la sexualité féminine, est-ce pour vous une réponse à une sous-représentation dans le cinéma français, ou alors de façon souvent caricaturale ou erronée ?

Je ne réponds à rien, surtout sur ces sujets-là, sinon je passerai ma vie à écrire des articles partout !

Les trois courts réunis montrent aussi, entre autres, des liens mère/fille(s), ce qu’Aurore développe encore plus, y aurait-il là un tropisme d’origine possiblement autobiographique ?

Je crois que j’aime que les générations soient confrontées les unes aux autres, surtout entre femmes, tant la société a évolué. Il se passe que c’est en famille que l’on retrouve le plus ce cas de figure. Mais il n’y a rien d’intéressant à raconter dans ma famille. 

Vous avez avec Aurore changé de producteur, Karé Productions succédant à Local Films, avec qui vous aviez longtemps travaillé. Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous ?

Bien sûr. J’ai travaillé dix ans avec Nicolas. J’ai pour lui une grande estime et une grande amitié. Notre complicité intellectuelle et amicale transforme le travail en quelque chose de singulier, inscrit dans le temps. J’espère le retrouver sur un projet qui nous réunira. Aurore n’était pas un projet pour Local films, voilà tout. Travailler avec Antoine Rein et Fabrice Goldstein a été une expérience différente, mais tout aussi enrichissante.

Savez-vous déjà ce que sera votre prochain film et pensez-vous revenir parfois au format court ?

J’ai différents projets, sans savoir encore lequel se fera en premier. J’adore le format court et espère, toujours, y faire une promenade quand cela sera nécessaire.

Propos recueillis par Christophe Chauville
Merci à Aude Dobuzinskis

 

 

Aurore de Blandine Lenoir, DVD, Diaphana Distribution, 19,99 euros. Avec en bonus Pour de vrai, Ma culotte et L'Amérique de la femme (ainsi que Monsieur l'abbé pour l'édition Blu-ray)
Disponible depuis le 5 septembre 2017.

Photo : © Karé Productions.

Voir aussi notre article publié lors de la sortie du film.