En salles 26/04/2017

Celle-là s’appelle Aurore

Blandine Lenoir est l’une des réalisatrices contemporaines ayant le plus œuvré dans le format court, avec pas moins de dix films. Son deuxième long métrage est à l’affiche cette semaine.

Alors que nous proposons en ligne, dès aujourd'hui, le savoureux L'Amérique de la femme, quelques-unes de ses interprètes apparaissent à nouveau dans Aurore : Laure Calamy et Florence Muller en conseillères Pôle emploi un poil perturbées, les pauvres, par le quotidien de leur travail, tandis qu'on aperçoit aussi Jeanne Ferron, qui incarne la mamie encore ouverte au désir dans ce court métrage qui constituait une version “résumée” de Zouzou.

Ce dernier, sorti fin 2014, était le premier long de celle qui avait été révélée à travers Avec Marinette en 1999 (elle avait été auparavant découverte, en tant que comédienne, la fille du boucher incarné par Philippe Nahon dans le fameux Carne de Gaspar Noé, en 1991). D'autres habitués de la famille d'acteurs qu'elle a de fil en film réunie viennent faire eux aussi un petit tour dans Aurore, tels les truculents Philippe Rebbot, Samir Guesmi ou Nanou Garcia, mais c'est bien Agnès Jaoui qui se trouve au cœur de ce nouveau film, dans le rôle-titre, celui d'une femme de cinquante ans pour qui tout semble fini, professionnellement et sentimentalament, du moins selon ce que cette société jeuniste jusqu'à l'extrême cherche à faire croire à chacun(e). Bien sûr, l'inspiration volontiers féministe de Blandine Lenoir prouvera le contraire, faisant toujours merveille, sans nulle démagogie et avec un humour constant ; l'écriture est fine (le précieux Jean-Luc Gaget est coscénariste), on sourit souvent et l'émotion pointe au détour d'une scène abolissant les années ayant filé trop vite, lorsque l'imaginaire convoque une danse entre une mère et ses filles, encore enfants, sur l'un des plus sublimes titres de Nina Simone. Il faut être un sacré pisse-froid pour refuser l'invitation (et il y en a, voir ce cacique de grand hebdomadaire – de centre-gauche – cette semaine...).

Christophe Chauville