Une soirée “Déjà demain” de gala !
En mai, il n’y a pas que Cannes dans une vie de cinéphile ! Et une dizaine de jours avant le début du festival, on pourrait même dérouler le tapis rouge à “Déjà demain” au MK2 Odéon, côté Saint-Michel…
Ce sera le lundi 5 mai, à 20h, et cinq films seront projetés dans le cadre du rendez-vous mensuel Déjà demain, avec d’abord une réalisation à quatre mains associant Emmanuel Mouret – qui jongle décidément avec les formats – et Carmen Leroi. Dans La réputation (photo ci-dessous), le récit s’enracine dans les coulisses du milieu du cinéma, prenant une saveur particulière à l’heure de tous les débats sur l’emprise et la séduction à l’œuvre sur les plateaux, à travers un personnage inattendu de monteur-son dont on dit qu’il est un Don Juan invétéré, ce qu’une réalisatrice (jouée par Carmen Leroi elle-même) découvre et doit gérer, non sans un certain trouble.
Précisons que la cinéaste a achevé depuis un nouveau film, Donne batterie, que l’on pourra voir prochainement à la fois à la Semaine de la critique, à Cannes, puis à Côté court, à Pantin.
Autre réalisatrice confirmant l’essai du film précédent, Mahaut Adam revient, après le succès de Mon p’tit papa, à la comédie, mâtinée de trash et de codes du fameux “cinéma de genre”, à travers Sam & Lola (photo de bandeau). Ces deux-là partagent un appartement en colocation avec un certain Paul, horripilant et plutôt vulgos – dans le rôle et en slip, Martin Jauvat s’en donne à cœur joie… –, avant qu’une malencontreuse chute sur un coin de table de salon l’envoie ad patres… Que faire du corps, surtout quand la meuf du macchabée débarque ? C’est drôle et enlevé, en une variation succulente sur le motif de la sororité, portée par un casting de choix, puisque la désormais incontournable Anaïde Rozam et l’inimitable Eva Huault (l’un des Talents de la dernière Fête du court métrage) accompagnent la réalisatrice devant sa caméra.
Sur une autre tonalité, on retrouve aussi toutes les qualités d’Emma Séméria dans son nouveau film, Quand tu joues, dont le dispositif est très simple : un journaliste en herbe prend le prétexte d’un reportage pour interviewer une fille de son lycée, qui l’attire de toute évidence, à propos de son activité de joueuse de rugby. Jeu avec la séduction, maladresse et timidité, dans un détournement des poncifs de genre, avec la même pudeur que dans La chamade, en 2020.
On apprécie aussi la délicatesse similaire du film d’animation de la Poudrière Ceux qui restent au point relais, de Yujia Wang (visuel ci-dessus), qui parvient à raconter une véritable histoire d’amour en seulement quatre minutes, autour d’une boutique faisant office de relais colis où un jeune homme, passablement fétichiste, scrute la venue d’une cliente en particulier.
Enfin, Amsterdad d’Augustin Bonnet mettra un point final marquant à la séance, le jeune réalisateur poursuivant ainsi le travail entamé sur Grand littoral et mettant cette fois en scène un père et son fils en voyage à Amsterdam. Une virée un peu foireuse, où William, l’un de ces losers magnifiques dont se régale le court métrage, se montre tel qu’il est – et malgré lui – à son fils adolescent Walter. Une figure paternelle déficiente et parfois pathétique, qui se pinte volontiers la tronche, se trémousse sur du Lavilliers et focalise sur une guide touristique croisée par hasard, dans une atmosphère se posant à la lisière entre fiction et docu, car William et Walter Holzer, qui campent ce duo père/fils mémorable, le sont dans la vraie vie. Là aussi, il y a derrière la caméra une personnalité créative dont on reparlera souvent, à coup sûr…
Augustin Bonnet sera présent pur échanger avec le public, tout comme Mahaut Adam, Yujia Wang et le tandem Leroi/Mouret. Une vraie soirée de gala, on vous dit !
À lire aussi :
- Sur d’autres courts métrages de Carmen Leroi : Pour Elsa et Sans regret.
- Grand littoral, vainqueur du Grand prix à Côté court en 2023.