News 10/06/2022

Les Projos de Greta : 10 bougies à souffler !

L’un des rendez-vous réguliers du court métrage à Paris fêtera ses dix ans d’existence le dimanche 26 juin au Luminor. Sa fondatrice et coordinatrice Julie Chaux a répondu à nos questions.

En quelles circonstances naquirent Les Projos de Greta en 2012 ?

Émilie Brion, une amie spécialiste des relations publiques, m’a présenté les organisateurs du Bric à Brac, un petit bar de la rue Oberkampf qui accueillait des événements à l’étage… Comme je suis réalisatrice, mon but initial était de diffuser mes films… On m’a laissé le choix : soit une projection unique avec mes propres films, soit une régulière… Quand on m’offre le doigt, je prends le bras ! J’ai donc fait mes sélections des premiers mois en fonction de mes propres films ou clips : j’en diffusais un à chaque fois, accompagné d’autres courts métrages sur le même thème. Très vite, je n’ai plus eu de films en stock et… j’ai continué !

Entretemps j’étais tombée amoureuse de cette forme d’expression qu’au départ je considérais comme quantité négligeable… Le court est trop souvent envisagé comme un tremplin vers le long, alors qu’il s’agit d’un art à part entière… Un challenge d’autant plus ardu qu’il faut dire beaucoup de choses en très peu de temps.

Quelles étapes importantes gardez-vous en mémoire en vous retournant sur ces dix années écoulées ?

Je suis passée du Bric à Brac au Café de Paris, puis grâce à ma double identité “Greta/Garance” – j’ai organisé les “Dîners de Garance” pendant trois ans–, j’ai rencontré Dobrila Diamantis, qui m’a ouvert les portes du Saint-André des Arts, où je suis restée jusqu’en 2019, puis Marylise Fortin, directrice du Bellefaye, ainsi qu’Isabelle Gibbal-Hardy, grande prêtresse des cinémas indépendants parisiens, qui m’a mise en contact avec le programmateur du Luminor-Hôtel de Ville. Le timing est plus resserré, mais j’y suis beaucoup plus libre.

Comment s’effectue la sélection des films diffusés, quels critères privilégiez-vous ? Quelles sont les conditions de projection ?

Je ne fais pas d’appel à films. J’en reçois énormément et je suis de moi-même le travail des réalisateurs qui m’intéressent. Un film m’inspire un thème, je commence une liste et elle se remplit au fil du temps. Quand la liste est prête, je contacte les réalisateurs, qui n’attendaient rien ou n’attendaient plus : la “fraîcheur” ne compte pas (même s’il y a toujours aussi des films récents) et j’adore réunir des équipes de films oubliés.

Il n’y a pas de critère prédéfini et aucune condition exclusive : tout dépend des films que je visionne et de leurs qualités particulières… Étant scénariste, le fond peut me séduire avant la forme, mais ce n’est pas systématique. Je peux diffuser un film d’étudiant mal fichu avec une idée de génie, comme un film arty visuellement fascinant, avec un sens obscur. Je privilégie les films indépendants, voire sauvages, et m’inscris en défenseuse de cette indépendance.

Que diriez-vous de votre public, s’agit-il principalement d’habitués ? Quel genre de retours vos spectateurs vous font-ils généralement ou plus ponctuellement ?

C’est un doux mélange : il y a les habitués, mais aussi un perpétuel va-et-vient dû aux sélections variées, et heureusement : je déteste l’entre-soi et l’invariabilité qu’il engendre inévitablement. Concernant les retours : les gens s’amusent beaucoup… Je ne veux pas être la Hanouna du court métrage, mais j’aime “faire du spectacle” et les interviews sont mon petit plaisir coupable… J’oscille entre sketch et psychanalyse, quand on me demande de définir le ton, je réponds “intello-décalé”. Plus ponctuellement ? Il m’est arrivé d’être huée… Une ou deux fois sur 92 séances, car parfois, mes questions dérangent.

Que souhaiter aux Projos de Greta pour les dix années à venir, y a-t-il des changements ou développements en vue ?

Je devrais sans doute remettre des prix, comme il est de bon ton de le faire dans les soirées cousines des miennes, mais ce n’est pas dans mes projets… Je préfère participer à des jurys extérieurs ponctuellement, comme je l’ai fait pour le Festival Cinemabrut en 2017. Je suis fière d’être considérée comme partie prenante de ce petit milieu et que l’on choisisse de faire appel à moi à ce genre d’occasion. Ah si, il y a quand même un projet d’émission sur le feu, mais je ne peux pas en révéler davantage !

Propos recueillis par Christophe Chauville


Soirée anniversaire des Projos de Greta : “2022, l’odyssée de Greta”, le dimanche 26 juin 2022 à 20h au Luminor-Hôtel de Ville, 20 rue du Temple, 75004 Paris.

À lire aussi :

- Les 40 ans de Light Cone à Paris.