News 20/09/2023

Les femmes cinéastes de Taïwan à l’honneur

“Les femmes de Taïwan font des vagues”, tel est le titre du cycle de 30 films, pour autant de réalisatrices, qui est à découvrir jusqu’au 8 octobre au Forum des images, à Paris. 11 courts métrages en font partie, qui n’ont pour l’heure été que peu ou pas vus en France. Avec de vraies révélations et en présence de nombreuses invitées…

Cela fait du bien de pouvoir évoquer Taïwan pour autre chose que des questions géopolitiques – et les menaces qui pèsent sur l’île – grâce à cet événement accueilli par le Forum des images. En son cœur, il y a les 30 ans du Taiwan International Women’s Film Festival, fondé en 1993 et qui fut le premier festival de films de femmes en Asie. Cette manifestation pionnière, repabtisée par la suite “Women Make Waves International Film Festival”, a naturellement œuvré pour la parité et la mixité des genres, révélant plusieurs générations de femmes cinéastes.

Une mise en lumière très bénéfique, au moment où le cinéma taïwanais peut sembler plus discret que par le passé côté masculin (le dernier film d’Hou Hsiao-Hsien date de 2015 et Tsai Ming-liang peine à retrouver son audience de jadis). La “vétérane” Sylvia Chang, elle, sera bien présente, avec Murmur of the Hearts, et de nombreuses représentantes des vagues émergentes accompagneront leurs œuvres, que des tables rondes et workshops complèteront idéalement.

Du côté des courts, plusieurs films réalisés durant les années écoulées seront à voir et nous avons eu l’opportunité d’en apprécier quelques-uns, très recommandables. Babes’ Not Alone de Yi-shan Lee (2017, photo de bandeau) plonge de plain-pied dans les rues du Taipei contemporain, sa jeunesse et ses difficultés sociales, dans les pas d’une jeune baby-sitter de 18 ans, Liang, qui garde le bébé que son frère a eu de son ex-petite amie et qu’il délaisse. La mise en scène tonique rappelle en partie le style d’un Midi Z, mais le film trouve aisément sa propre personnalité.

Lichao de Ting-ning Chen (2018, photo ci-dessus en haut), arbitre le face-à-face explosif entre une jeune femme et sa mère, imprévisible et caractérielle, acide et légère, loin de la douceur de souvenirs d’enfance enfuis. Avec un beau duo d’actrices, notamment Diane Lin dans le rôle de Xiao An, la fille.

En miroir, Like Father, Like Daughter, de Siew-hong Leong (2019, photo ci-dessus en bas), brosse une relation père/fille : le premier, veuf, fait des rencontres via Facebook, tandis que la seconde décide de ne plus lui cacher sa relation amoureuse avec une autre jeune femme. Sous un beau noir et blanc, une comédie pétulante et montrant un visage moderne et ouvert de la société taïwanaise (donc très loin du carcan de la Chine continentale).

Plus classique en apparence, mais naturellement touchant, Tiptoe d’I-Ju Lin (2019, photo ci-dessus) n’est pas sans évoquer le Nobody Knows d’Hirokazu Kore-eda – qui, lui, est bien sûr japonais –, sa petite héroïne Jiajia, âgée de 10 ans, s’occupant de son petit frère alors que leur mère les a laissés depuis plusieurs jours.

Ces belles trouvailles imposent déjà les noms de leurs réalisatrices, que l’on retrouvera sans doute à l’avenir au détour de tel ou tel grand festival, y compris en Occident, à Cannes, Venise, Berlin ou Locarno.

Christophe Chauville

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