News 22/08/2025

Disparition : Marcel Łoziński (1940-2025)

Aucun média français ne s’en étant fait l’écho à notre connaissance, il est d’autant plus indispensable de saluer la mémoire de ce grand cinéaste polonais à qui l’on doit, entre autres, deux films courts des plus marquants des années 1990. Il s’est éteint le 20 août à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.

Quiconque a eu la chance de découvrir, au milieu des années 1990, son moyen métrage Tout peut arriver (photo de bandeau) en garde forcément un souvenir fort et prégnant. Dans un parc de Varsovie, au printemps, Marcel Łoziński y filmait l’un de ses fils, Tomek, alors âgé de six ans, qui parcourait ce lieu enchanteur sur sa bicyclette avant d’engager la conversation avec les personnes âgées présentes, profitant du beau temps sur les bancs du jardin. Un petit miracle de cinéma, plastiquement splendide et dissertant finalement rien moins que sur le sens de la vie, l’éphémère valeur des choses, la guerre et la paix, etc. 

Le cinéaste avait alors déjà plus de deux décennies d’activité derrière lui, ayant comme son compatriote Kieslowski débuté au détour des années 1970, connu la censure à plusieurs reprises avant la chute du Mur et s’étant distingué peu de temps avant Tout peut arriver avec Dans la forêt de Katyn (1990), sur le sinistrement célèbre massacre commis par la police politique soviétique, le NKVD, en septembre 1939, et avec 89 mm d’écart (photo ci-dessus), nommé à l’Oscar du meilleur court métrage documentaire en 1994. Le titre du film renvoie directement à l’écartement des voies de chemin de fer de l’Union soviétique par rapport à celles du reste de l’Europe – plus qu’un simple symbole, donc !

Et c’est donc tout naturellement que Bref lui dédia un “Gros plan” dans son numéro 27, en décembre 1995. L’une des illustres collaboratrices de la revue, Luce Vigo, s’en était alors chargée, elle qui avait un lien de parenté direct avec le réalisateur – sa propre mère, Elisabeth, dite Lydou, était une Łozińska ! Et le père de cette dernière, Hirsch Łoziński, fut celui qui offrit à Jean Vigo sa première caméra (d’occasion !)…

Marcel Łoziński avait reçu par la suite le Prix de la liberté de la Berlinale – c’était en 2004 – et a tourné jusqu’au début des années 2010, avec Father and Son on a Journey, dans son titre international, qu’il signa à quatre mains en 2013 avec un autre de ses trois fils, Pawel, demeuré actif depuis en tant que cinéaste (son long métrage documentaire The Balcony a été primé à Locarno en 2021). Nos pensées à cette fratrie endeuillée…

Christophe Chauville

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- Sur la disparition de Luce Vigo, en 2017.