Concours de la jeune critique 2025 : les lauréats Collège, Lycée et vidéo
Chaque année, le Festival de Clermont-Ferrand organise son Concours de la jeune critique. Et Brefcinema, en partenaire de l’opération, s’engage à publier les textes retenus par le jury concernant les collèges et les lycées.
Grand prix de la catégorie Collège : Ambre Soubeyre, élève en classe de Troisième au Collège Champclaux à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme), pour son texte sur le film Ni Dieu ni père de Paul Kermarec (compétition “Labo” et séance scolaire).
Certaines absences ne se comblent jamais vraiment.
Ni Dieu ni père, court métrage de Paul Kermarec, raconte une quête silencieuse et vertigineuse ; celle d’un jeune privé de figure paternelle, cherchant sur internet un remplacement, un repère susceptible de le guider dans son parcours. A défaut d’un père, il trouve l’intelligence artificielle, algorithme omniscient qui sait tout, mais pourtant, n’est rien.
Dans ce mélange troublant de documentaire et de fiction, Paul Kermarec met en scène un phénomène bien réel : la manière dont les jeunes grandissent avec internet comme boussole et parfois même comme seul interlocuteur. Il ne s’agit plus seulement d’appendre à se raser, nouer sa cravate ou faire ses lacets, mais de devoir grandir avec une Intelligence Artificielle qui, si elle sait tout du monde, ne sait rien de nous.
L’intelligence numérique refuse d’abord de jouer le rôle du père, mais, sous l’insistance de Paul, finit par céder. Elle invente des souvenirs, raconte des histoires d’enfance qu’ils n’ont pourtant jamais partagées, tisse une illusion. C’est là que réside la beauté tragique du film ; lorsque la fiction devient plus réconfortante que d’avoir à se confronter à la dure réalité.
Ni Dieu, ni père est un court métrage troublant, moderne et profondément émouvant. Il explore d’une voix off et à travers des écrans qui se superposent les relations avec l’IA et la solitude contemporaine avec une grande sensibilité et beaucoup de justesse.
Grand prix de la catégorie Lycée général et technologique : Théo Herreman Gutiérrez, élève en classe de Première au Lycée Jeanne-d’Arc à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), pour son texte sur le film Ni Dieu ni père de Paul Kermarec (compétition “Labo” et séance scolaire).
Paul Kermarec, dans son court-métrage Ni Dieu ni père (2024), capture avec une justesse troublante la quête de repères d’une génération qui n’a jamais connu un monde sans Internet. Nés au coeur du numérique, nous nous tournons vers nos écrans non seulement pour nous informer et suivre l’actualité, mais surtout pour combler un vide, chercher du lien. C’est précisément ce que fait le protagoniste, un jeune homme privé de figure paternelle, qui trouve en l’algorithme une boussole silencieuse. De gestes anodins, comme apprendre à se raser, à des questions plus existentielles, il confie son apprentissage au moteur de recherche, effaçant peu à peu la frontière entre le réel et le virtuel.
Avec sensibilité et originalité, Ni Dieu ni père met en lumière une problématique profondément humaine : l’absence du père. Si cette blessure est intemporelle, la manière dont elle est pansée est résolument moderne. Aujourd’hui, la source la plus accessible de conseils et de réconfort tient dans le creux de notre main. Mais cette dépendance à l’Intelligence Artificielle pose une question troublante: jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour remplacer une présence humaine? Derrière son esthétique épurée, le film résonne comme un avertissement. Car malgré les illusions numériques, un détail frappe: le silence. Seuls persistent une voix solitaire et le tapotement d’un clavier. Pas de réponse, pas de véritable échange. Malgré tous ses efforts, le protagoniste demeure irrémédiablement seul.
Grand prix de la catégorie “Critiques audiovisuelles” : Timothy Vexenat, élève en classe de Seconde STHR au Collège Champclaux à Châtel-Guyon (Puy-de-Dôme), pour sa critique du film Mort d’un acteur d’Ambroise Rateau (compétition nationale, photo de bandeau), à visionner sur le site de Sauve qui peut le court métrage.
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