Festivals 22/12/2021

Retour sur le Poitiers Film Festival 2021

Après une édition 2020 digitale, les rencontres internationales des écoles de cinéma, autrement dit le Poitiers Film Festival, l’un des grands rendez-vous de cette fin d’année pour le court métrage, ont vu leur 44e édition se dérouler du 26 novembre au 3 décembre 2021. Nous y étions.

Le Grand Théâtre Auditorium de Poitiers a de nouveau accueilli son public, en offrant une abondante programmation et des rencontres passionnantes, notamment avec de nombreux jeunes cinéastes d’aujourd’hui faisant déjà le cinéma de demain, et le Poitiers Film Festival a décerné ses diverses récompenses parmi les films venus du monde entier de la Sélection internationale.

Que no me roben los suenos de Zoé Brichau (INSAS, Belgique, photo ci-dessous) est repartie avec le Grand prix du jury et le Prix du Syndicat français de la critique de cinéma. Fin 2019, alors qu’un mouvement social éclate au Chili, la cinéaste suit un groupe de manifestants qui se battent contre les inégalités qu’ils subissent au quotidien. Au plus près de ses personnages, la caméra dompte la colère et de le désespoir d’une jeunesse incomprise. Un film d’une importance capitale, aussi.

À l’autre bout du monde, le Prix spécial du jury a été attribué au magnifique The Land that Rises and Descends, de Moona Pennanen (ELO Film School, Finlande), soit une plongée énigmatique dans l’archipel de Kvarken où se mélangent avec grâce la nature et les mythes. Notons également au palmarès le Prix du public remis à Mazel Tov Cocktail d’Arkadij Khaet et Mickey Paatzsch (Filmakademie Baden-Württemberg, Allemagne), un film particulièrement détonnant, déjà repéré à Clermont-Ferrand en début d’année. 

Au sein de la Sélection internationale, on peut noter la présence de deux films français qui résonnent comme des promesses éclatantes pour le cinéma de demain. D’abord, l’étonnant Gare aux coquins de Jean Costa (IUT de Corse, photo de bandeau), une plongée dans le désir charnel d’âmes vagabondes qui se cherchent dans les coins reculés des cavernes et de l’île. Un grand film d’amour. Et enfin, La ventrière d’Anne-Sophie Bailly (La Fémis, photo ci-dessous), un film d’époque médiéval qui travaille les questions de la naissance de la vie, de la folie et de la mort avec une minutie splendide.

D’autres territoires du monde sont venus éblouir cette copieuse programmation. Il y a eu la République tchèque avec Love is Just a Death Away, un film d’animation post-apocalyptique de Bara Anna Stejskalova (FAMU), d’une pitrerie et d’un sens du timing renversant. Nous avons aussi vu la Belgique, avec un des plus beaux films du festival, Come Here de Marieke Elzerman (KASK & Conservatorium, photo ci-dessous), une rencontre au cœur d’un chenil qui vient mettre en scène tout le désarroi et la quête de douceur des animaux et des humains.

Enfin, retenons Forastera de Lucia Alenas Iglesias (Columbia University), qui suit une enfant troublée par la ressemblance qu’elle a avec sa grand-mère disparue. Un film perturbant sur la filiation et le regard de ses pairs au seuil de l’adolescence.

La traditionnelle séance “So French!” a permis de découvrir huit films issus d’écoles de cinéma à travers la France. Le Prix du Jury est revenu au film délicat d’Anton Balekdjian Les Vilains petits canards (de la CinéFabrique, à Lyon), le récit sensible de deux frères qui se retrouvent et montrent leur amour maladroitement, pour le véritable coup d’éclat de cette séance spéciale.

Le Prix du Public a été attribué à Donjon & Cie d’Adèle Bichon, Alizée Garnier, Noëllic Lebouvier, Yann Orhon, Léonard Plata, Mattéo Rivière (ESMA), une grève farfelue de créatures qui se rebellent dans une animation délicieuse et superbe. 

Comme attendu, le retour du Poitiers Film Festival dans les salles obscures fut un succès public, tandis que la riche programmation de la Sélection internationale et les nombreuses séances spéciales ont de quoi rassurer sur la santé du court métrage : les jeunes réalisateurs et réalisatrices sont bel et bien là, prêts et prêtes à filmer le monde.

Arnaud Hallet

À lire aussi :

- Le palmarès du Poitiers Film Festival 2020.

- La ventrière en compétition nationale à Clermont-Ferrand en 2022.