Festivals 21/12/2020

Gâtés avant Noël !

Des prix ont été décernés de manière virtuelle tout au long de la semaine dernière. Ce sont les derniers de cette année 2020 que l’on va tenter de vite oublier.

Les petits souliers de plusieurs cinéastes se sont vus remplir quelques jours avant la date officielle, à travers des palmarès prononcés dernièrement. Les Arcs Film Festival a ainsi décerné ses récompenses et c’est une production serbe, Sherbet de Nikola Stojanovic (photo ci-dessous), qui l’a emporté. Il met en scène la rencontre punk et pourtant romantique de deux jeunes gens, avec la même énergie que celle de sa volcanique interprète principale Jelena Tjapkin. S’achevant sur les accents du Quand on a que l’amour de Brel, ce film étudiant avait au préalable été primé à Sarajevo en 2019.

Une autre œuvre d’école a été distinguée aux “Arcs hors pistes”, à travers la mention attribuée par le jury à Dustin, de Naïla Guiguet, film Fémis faisant partie de la sélection dématérialisée de la Semaine de la critique 2019 et suivant lui aussi une rencontre amoureuse, transgenre pour sa part, lors d’une nuit de fête. Tous les courts métrages en compétition demeurent visibles en ligne jusqu’au 26 décembre, profitez-en sans modération. 

Du côté du Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec, plus de six cents suffrages ont été comptabilisés pour le vote en ligne du public et ce sont Grand gaillard d’Hicham et Samir Harrag et Layla de Coralie Gourdon qui ont gagné, respectivement en fiction et en documentaire. Le premier entraîne dans la relation, tendre mais compliquée, entre deux frères, Français d’origine nord-africaine, dont l’un est revenu d’Afghanistan traumatisé et avec une blessure ayant endommagé son cerveau. Le second, très court (5 minutes), jette un pont d’un côté de la Méditerranée à l’autre, vers les souvenirs d’une enfance libanaise.

Le jury, lui, a prêté son choix sur Jeûne d’été, d’Abdenoure Ziane (photo ci-dessous), côté fiction, et Souvenirs Souvenirs, de Bastien Dumont, en animation. Jeûne d’été évoque, sur un mode humoristique et presque néoréaliste, les efforts difficiles menés par un jeune garçon pour faire le ramadan pour la première fois, alors que la période tombe en plein dans les chaleurs estivales, où les tentations de se rafraîchir sont fortes. Quant au dernier film en date de Bastien Dubois, où resurgissent les fantômes de la guerre d’Algérie, il poursuit son début de carrière étincelant (avec le Prix Émile-Reynaud reçu en novembre, notamment) et figurera au sommaire du cahier critique du prochain numéro de Bref (le 126, en précommande ici).

Ces quatre films seront à découvrir en salle lors du “mini festival” du FFFA qui se tiendra du 6 au 8 février 2021 au cinéma Le Trianon de Romainville.

On peut encore voir en ligne pour trois jours, jusqu’au 24 décembre, les finalistes, donc les lauréats, du concours 16 Days 16 Films, organisé par la Fondation Kering et Modern Films et dont la troisième édition a eu lieu du 25 novembre au 10 décembre 2020. Sur le thème générique des violences faites aux femmes, le premier prix a été remporté par The Road is a Red Thread  de le Mexicaine Melissa Elizondo Moreno, un témoignage glaçant sur le motif du féminicide et de ces milliers de femmes de tous âges qui continuent de “disparaître” chaque année au Mexique.

Le deuxième prix a été décerné à un autre documentaire, Ballet After Dark de B.Monét (États-Unis), qui montre la danse comme moyen e reconstruction possible à des victimes de violences sexuelles et conjugales issues de la communauté afro-américaine. Seule fiction récompensée, Expensive Shit d’Adura Onashile (Royaume-Uni, photo de bandeau) complète le podium sur la troisième marche, évoquant le tragique dilemme auquel se voit confrontée une jeune migrante en charge des toilettes d’une boîte de nuit branchée où des hommes épient les femmes derrière un miroir sans tain.

Il est à noter qu’une œuvre française, entre documentaire et expérimental, se trouvait également en lice, abordant le thème difficile des rapports sexuels forcés et non consentis : Blossom, de Lysa Lamorisse, Cannelle Anglade et Ethel Harnie-Coussau.

Christophe Chauville

À voir aussi :

- Un cinéma dans la ville de Jérémy Leroux, documentaire sur le cinéma Le Trianon.

À lire aussi :

- Au palmarès des Arcs Film Festival 2019.