Festivals 19/10/2023

Cinemed 2023 : le Proche-Orient dans tous les esprits

C’est dans un contexte évidemment particulier – et très sombre – que s’ouvre le Festival Cinéma Méditerranéen de Montpellier, 45e du nom, à l’heure des affrontements dramatiques que l’on sait en Israël et dans la bande de Gaza. Du 20 au 28 octobre, réaffirmer l’importance des échanges culturels donnera aussi l’occasion de lutter contre la violence et les obscurantismes de tous poils.

Il est certain que plusieurs séances prendront une signification spéciale durant ces heures du festival Cinemed 2023, à travers les rétrospectives dédiées à l’œuvre de Yolande Zauberman (M, Un juif à la merMoi Ivan, toi Abraham, Would You Have Sex with an Arab ?, etc.) et à celle de Maroun Bagdadi (citons Petites guerres, 1982, et Hors la vie, 1991, sur l’enlèvement d’un reporter de guerre à Beyrouth) ou certains des films sélectionnés dans les compétitions, comme Le déserteur de l’Israélien Dani Rosenberg – en longs métrages – ou Bye Bye Tibériade de Lina Soualem (photo de bandeau) – en documentaires. 

D’autres résonances indirectes avec la situation émergeront forcément ici ou là, d’une projection du monumental Underground d’Emir Kusturica en version restaurée à un hommage à Mohammed Zinet, acteur algérien vu notamment chez René Vautier et qui a fait l’objet d’un documentaire récent : Zinet, Alger, le bonheur de Mohammed Latrèche. 

Le programme dans sa globalité sera une fois encore d’une richesse exceptionnelle, tant du côté des longs (avec Excursion d’Uma Gunjak – photo ci-dessus, La belle estate de Laura Lucchetti ou encore Six pieds sur terre, premier long métrage de Karim Bensalah, entre autres, en compétition) que des courts. 

17 films courts seront en lice pour les différents prix, dont les déjà remarqués Petit Spartacus de Sara Ganem, A Short Trip d’Erenik Beqiri (photo ci-dessous), Boucan de Salomé Da Souza, Maurice’s Bar de Tom Prezman et Tzor Edery et Les chenilles de Michelle et Noel Keserwany (coproduit entre France et Liban), ainsi que le dernier né de Wissam Charaf : Et si le soleil plongeait dans l’océan des nues.

On verra aussi des œuvres de ce format au sein de la section “Regards d’Occitanie”, parmi lesquels plusieurs films de duos (paritaires !) : Les enfants perdus de Lola Cambourieu et Yann Berlier, Moon River de Laure Bourdon Zarader et Phil Argeles, Paysage aux torchons de Valentine Guégan et Hugo Lemaire, découvert à Côté court cette année (photo ci-dessous)…

Le camarguais La Sœur de DiCaprio, de Lucie Anton, sera à découvrir dans le cadre des Talents en court, tandis qu’Arte proposera une séance de cinq titres, dont Palestine Islands – on y revient… –, signé de Nour Ben Salem et Julien Ménanteau.

Les 10 ans de La Ruche seront aussi fêtés, avec Numéro 10 de Florence Bamba, La veillée de Riad Bouchoucha ou La sirène se marie d’Achraf Ajraoui.

On s’en voudrait d’oublier de mentionner le focus sur la nouvelle vague catalane, avec les longs de Carla Simón en bonne place (soit Été 93 et Nos soleils – photo ci-dessus), une carte blanche à l’excellent label Artus Films (donc prometteur de fantastique et de giallo), une “Nuit en enfer” et une grande rétro Ettore Scola, où les incontournables classiques côtoieront quelques opus plus rares, comme Le ravi ou Parlons femmes.

La clôture se profilera, le 28 octobre en fin de journée, sous le signe du Vivement dimanche ! de François Truffaut, pour les 40 ans de cette œuvre utime qui, précisément, fut tournée à Montpellier. En espérant que d’ici là, les armes se seront au possible tues de l’autre côté de la Méditerranée…

Christophe Chauville

À lire aussi :

- Le palmarès du Festival Cinemed 2022.

- Classified People de Yolande Zauberman, réédité en 2023.