En salles 15/02/2023

Un moyen métrage signé Jeanne Moreau

Carlotta Films propose de découvrir, à partir de cette semaine, une mini-rétrospective “Jeanne Moreau, cinéaste”, composée de deux fictions et d’un portrait-hommage, d’une durée de 59 minutes, dédié à une idole du cinéma muet : Lillian Gish.

Ce sont trois œuvres rares présentées, bien entendu, dans des versions restaurées que l’indispensable distributeur spécialisé dans le patrimoine, Carlotta Films, propose sur grand écran depuis le 15 février. On connaît mal aujourd’hui l’activité de réalisatrice, certes secondaire dans sa carrière de Jeanne Moreau, mais ses trois films méritent incontestablement d’être vus.

Ses deux fictions – Lumière (1976) et L’adolescente (1979) – dévoilent beaucoup de sensibilité, ce qui semble une évidence de la part de cette comédienne ayant assis sa réputation, sinon sa légende chez Truffaut, Malle, Antonioni, Demy, Losey et tant d’autres. L’adolescente explore dans un beau registre impressionniste le passage de l’enfance à l’âge de la féminité d’une jeune fille, en 1939, avec beaucoup de liberté, en contraste avec certains carcans actuels.

En 1983, c’est un portrait d’hommage à Lillian Gish que Jeanne Moreau signait, apparaissant elle-même à l’écran en tant qu’intervieweuse avisée, parfois attendrie, de l’une des étoiles des années pionnières d’Hollywood, au temps du muet. Plus d’un demi-siècle après l’âge de gloire de l’égérie de D.W. Griffith, il est énormément question du cinéaste dans la conversation, qui s’avère passionnante et montre une éternelle jeune fille, modeste et malicieuse, provoquant souvent le sourire – emblématique – de son interlocutrice.

Précisons que l’aînée des deux sœurs Gish avait alors quatre-vingt-dix ans (et disparut en ayant presque atteint les cent ans, en février 1993) et que sa cadette Dorothy est naturellement souvent mentionnée aussi.

Ce moyen métrage – dont la durée se situe juste sous l’heure de projection – permet également de voir ou revoir des extraits de Naissance d’une nation, Intolérance ou Les deux orphelines, ce qui n’est  plus guère fréquent à notre époque, sinon dans le cadre de cours de cinéma à l’université. C’est donc une aubaine et une nécessité : imagine-t-on un féru de littérature méconnaître Flaubert ou Balzac ? Moreau, actrice-cinéphile, en avait pleinement conscience.

Christophe Chauville

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